Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 237]

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Examinant ensuite le fond de la question, la majorité de la commission constate que les porions ne connaissent bien, en général, que le quartier de la mine auquel ils sont préposés; que les chefs porions ne connaissent qu'une fosse et qu'il en est de même en ce qui concerne les délégués à la sécurité des ouvriers mineurs. Outre les ingénieurs, M. Delafond a réclamé le concours des géomètres et notamment du vérificateur en chef de la Compagnie, lequel connaît parfaitement l'ensemble des travaux souterrains et pouvait mieux que tout autre expliquer les plans exécutés sous sa direction. Quant aux délégués, ils avaient eu l'occasion, dans la journée, de faire connaître leur avis. Celui donné par Simon, dit Ricq, avait même pesé d'un grand poids dans la décision qui a été prise : c'est, en effet, la déclaration très formelle de ce délégué qui a fait admettre par tout le monde l'absence de survivants dans la fosse 3. Un membre de la commission fait d'autre part remarquer que, spécialement consultés ou non, les délégués mineurs ont toujours le droit et la faculté de se faire entendre. Il leur suffit, à cet effet, de consigner leur avis sur leur registre et d'en remettre, séance tenante, une copie à l'ingénieur qui dirige le sauvetage. Dans ces conditions, la majorité de la commission estime que le reproche formulé par la minorité n'est pas fondé. 4° Construction des barrages des bowetles 340 et 306 à la fosse n" 2. Le puits 2 ayant été, le lundi 12 mars, choisi comme voie d'accès pour le relèvement des cadavres des fosses 2 et 3, en attendant que l'on pût ensuite, probablement par un deuxième renversement du courant d'air, aborder l'enlèvement des cadavres du puits 4 et des quartiers

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du puits 3 situés entre le 3 et le 4, deux voies pouvaient être suivies pour s'avancer graduellement du 2 vers le 3, celle de Joséphine 326 et celle de JulieMathilde à 280. La première, plus directe, semblait devoir être la plus facile, en même temps qu'elle permettait de remonter immédiatement de nombreux cadavres : •or on ne pouvait s'avancer en laissant ceux-ci derrière soi, à cause de l'odeur insupportable qu'ils dégageaient déjà quarante-huit heures après la catastrophe. M. Delafond, d'accord avec les ingénieurs de la Compagnie, choisit naturellement la voie de Joséphine. Et l'on serait très rapidement arrivé par là à des résultats complets, sans l'incendie du 15 mars, malgré les éboulements rencontrés plus nombreux qu'on ne l'avait pensé d'abord. L'incendie s'étant déclaré dans Joséphine, on ne pouvait évidemment passer outre ; c'eût été exposer les sauveteurs aux plus graves dangers. Il fallait de toute nécessité ou maîtriser le feu par une lutte directe, ou le barrer temporairement et chercher une autre solution. N'ayant à sa disposition aucune des installations indispensables pour organiser immédiatement la lutte directe et l'arrachage du feu, ne pouvant, par suite des difficultés d'accès, aller barrer au ferme au voisinage du foyer, M. Delafond dut, en attendant mieux, faire barrer la bowette de 340 qui donnait un accès direct à l'air, ainsi que la bowette de 306, par laquelle il estimait que l'air pouvait aussi, en suivant des cassures du terrain, venir -aviver l'incendie. Tandis que s'exécutaient ces barrages destinés à arrêter la propagation du feu, M. Delafond -approfondissait la question qu'il avait dû résoudre d'extrême urgence, sous peine de compromettre toute la suite des opérations de sauvetage et la possibilité même de les continuer. Cette étude approfondie, pour laquelle il consulta les hommes les plus compétents en matière de feu accourus à son appel, lui prit deux jours. On ne