Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 238]

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peut lui reprocher de n'avoir pas improvisé la solution à laquelle elle a abouti, c'est-à-dire la lutte directe contre l'incendie, en vue de pouvoir continuer à avancer dans Joséphine sans exposer les sauveteurs à nn danger certain. MM. Cordier et Evrard, ayant appris au cours des opérations de la commission la consultation dont nous venons de parler, et à laquelle les délégués mineurs n'avaient pas été appelés, parce qu'aucun d'eux n'était connu par une compétence particulière en matière de lutte contre les incendies de mines, n'hésitent pas à dire que «ce fait donne bien à tous l'impression qu'il ne s'agit dans cette consultation que de sauver la mine et qu'il n'y a plus chez les ingénieurs aucune préoccupation de sauvetage de mineurs survivants ». La majorité de la commission croit presque inutile de relever une pareille accusation. Elle profite cependant de l'occasion pour affirmer à nouveau, comme M. le ministre des travaux publics l'a déjà fait à la Chambre des députés le 3 avril, que M. Delafond s'est toujours exclusivement préoccupé de la mission qui lui incombait à l'égard des victimes, sans songer un seul instant à sauver quelques tonnes ou quelques milliers de tonnes da charbon. Et plus loin, MM. Cordier et Evrard déclarent : « L'établissement du barrage 306, isolant du n° 2 les n° 5 3, 4 et H, emmurait définitivement tous ceux qui avaient pu survivre après l'explosion. » La majorité de la commission se rend parfaitement compte, dans le système de prudence justifiée adopté pour le programme des travaux, des raisons qui ont fait établir le barrage de 306. Dans l'insuffisance des renseignements sur les communications exactes pouvant exister entre les couches, on avait pu craindre un accès d'air indirect sur l'incendie par des cassures du terrain. Il semble en réalité que ce barrage fût moins nécessaire qu'il n'a paru;

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l'air entrant par 306 serait allé directement, suivant toute apparence, à la fosse 3 par la communication de JulieMathilde à 280. Mais la commission doit ajouter d'abord que, si cette opinion peut aujourd'hui être nettement formulée, après que l'on est rentré dans Julie sans que l'incendie se soit ravivé de ce fait, on n'aurait pas été aussi affirmatif le 17 mars ; puis, que l'exécution du barrage de 306 n'a, dans tous les cas, nui à qui que ce soit, le barrage ayant été rouvert vingt-quatre heures au moins avant que les survivants sortis le 30 mars se soient dirigés vers la communication de Julie-Mathilde. M. l'inspecteur général Delafond ayant fait construire le barrage de 306 le 15 mars, et ne l'ayant pas fait rouvrir, après le 17, en même temps que ceux de 340, M. l'ingénieur en chef Léon, qui reprit le service le 20 mars, et M. l'ingénieur Weiss, quilui fut adjoint le 22, doivent-ils être blâmés de l'avoir laissé subsister jusqu'au 27 mars? La majorité de la commission ne le pense pas. Elle est heureuse seulement de constater que la réouverture avait eu lieu en temps utile pour que l'existence temporaire de ce barrage n'ait porté aucun préjudice aux survivants sortis le 30 mars et félicite M. Weiss d'avoir pris l'initiative de la proposer. Pour prévenir tout malentendu, elle ajoute que cette réouverture avait pour but l'établissement simultané de deux voies de communication de la fosse 2 vers la fosse 3, non en vue d'ouvrir un passage à des survivants dont on ne soupçonnait pas l'existence, mais afin de permettre, le cas échéant, d'utiliser la voie de Julie comme retour de l'air entrant par Joséphine, à la condition d'établir entre les deux voies un recoupage qui n'existait pas encore. C'est dans ce but que l'on a commencé à relever la communication aussitôt que l'on a constaté une diminution sensible de l'incendie de Joséphine.