Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 228]

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LA CATASTROPHÉ DE COURRIERES

ou onze heures du soir par la fosse 11 ; un groupe de dix-sept ouvriers de la fosse 3 avait, d'autre part, été ramené à neuf heures et demie du soir à la fosse 10 par le délégué mineur Simon, ditRicq. Le dimanche 11 mars, à huit heures du matin, sur les vives instances de ce dernier, M. Léon l'autorisa à aller tenter par la fosse 10 une nouvelle exploration de la fosse 3, tandis que M. Domézon poursuivait ses recherches à la fosse 11, à la faveur d'un faible aérage obtenu la veille par la réparation rapide des portes isolant le puits de retour d'air 4 du puits d'entrée 11. Mais l'arrivée du mauvais air paraissant venir du puits 3 les rendait de plus en plus dangereuses. Vers deux heures de l'après-midi, Simon, ditRicq, revint de l'exploration autorisée le matin aux fosses 10-2-3 et exécutée sous le contrôle de M. l'ingénieur des mines Leprince-Ringuet ; il revint en déclarant que son espoir de retrouver des vivants ne s'était pas réalisé et s'exprima en termes tels que M. Léon fat convaincu de l'inutilité de nouvelles recherches. Au cours de cette exploration, on avait visité tous les accrochages de la fosse 3 et Ton n'y avait trouvé aucun être vivant. La situation était à ce moment la suivante. On avait reconnu l'impossibilité de parvenir à déblayer le puits 3, dans un délai acceptable, par des moyens ordinaires. On avait, dans l'après-midi du samedi 10mars v examiné la possibilité de désobstruer ce puits par l'emploi de moyens extrêmes. M. Reumaux, directeur de la Compagnie des mines de Lens, avait proposé l'emploi de la dynamite ; d'autres personnes avaient suggéré l'idée de faire tomber, depuis le jour, un poids lourd qui peut-être s'ouvrirait un passage à travers les débris. Ce passage aurait facilité l'entrée de l'air, pour le maintien de laquelle on n'avait pas été sans inquiétude ; peut-être aurait-il permis de faire descendre le panier jusqu'à la base, inconnue, de l'amoncellement des débris ; on aurait

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pu dès lors se débarrasser plus facilement de ceux-ci en les attaquant par le bas et les faisant tomber au fond du puits ; peut-être même aurait-il, c'était l'espoir des plus optimistes, provoqué la chute générale des débris et rouvert ainsi le puits à la circulation par la benne. Mais l'emploi de l'un ou de l'autre de ces moyens audacieux avait paru singulièrement aléatoire. M. Petitjean, qui avait travaillé toute la journée dans le puits 3 et était par conséquent plus à même que tout autre d'en bien connaître l'état, ne croyait pas à l'efficacité possible de la ày namite ; M. Bar redoutait que la chute d'un poids, au lieu de faciliter la désobstruction du puits, ne fît qu'en aggraver l'obstruction et ne compromît définitivement le passage de l'air; il craignait en outre que, s'il rencontrait une poutre inclinée, le poids ne déviât et n'allât frapper soit le cuvelage, soit la maçonnerie du puits, et ne pût y provoquer de nouveaux éboulements plus graves encore que ceux qui existaient. M. l'ingénieur en chef Léon avait, dans ces conditions, le 10 mars, vers cinq heures du soir, ajourné la solution et décidé simplement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'on fût prêt à agir quand il en donnerait l'ordre. M. Petitjean était retourné à la fosse et avait cru y ontendre des appels ou des gémissements venant du fond. Il avait travaillé à écarter les obstacles qui s'opposaient à la libre circulation de la benne depuis le jour jusqu'à la profondeur de 170 mètres, où les débris formaient un amas inextricable, et avait réussi à la faire passer, sans toucher les madriers. Il avait constaté ensuite l'impossibilité de faire descendre à travers l'amas une lampe de sûreté et un billet destiné à avertir les hommes qui pouvaient se trouver au voisinage du puits qu'ils eussent à se garer. Vers dix heures du soir, M. LeprinceRinguet vérifia l'état du puits depuis le jour jusqu'à 170 mètres ; il lui parut que l'équilibre des débris et