Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 229]

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madriers en suspension était si instable qu'il était impossible de rien faire avant d'avoir consolidé toutes les I parties menaçant de tomber. On continuait ce travail quand arrivèrent à la fosse le porion Pélabon et le délégué mineur Simon, dit Ricq, qui venaient de visiter deux des accrochages de la fosse 3 et de sauver 17 ouvriers réfugiés à ces accrochages ou sur le parcours suivi par les sauveteurs : c'étaient ces! ouvriers ou ces sauveteurs dont M. Petitjean avait entendu les appels. En présence de ce fait et du danger incontestable pour la suite des opérations que présentait la chute du poids, M. l'ingénieur en chef Léon avait donné l'ordre d'y surseoir et cet ordre était devenu définitif le dimanche 1 1 mars, après la deuxième exploration négative des accrochages de la fosse 3 par le délégué mineur Simon et l'ingénieur des mines Leprince-Ringuet. Les ingénieurs de l'État, ceux de la Compagnie de Courrières que la fatigue n'avait pas contraints à aller prendre un peu de repos, ceux des Compagnies voisines se trouvèrent réunis le dimanche 11 mars, vers quatre heures de l'après-midi, au bureau des plans de la Compagnie de Courrières, avec les géomètres de la Compagnie, et y discutèrent la marche à suivre pour continuer le sauvetage. Après avoir écouté tous les avis donnés, avoir constaté que tout le monde admettait à ce moment qu'il n'y avait plus, après les constatations faites aux puits 11-4 et 10-2, ainsi qu'après celles faites au puits 3 par Simon, dit Ricq, aucune chance de retrouver des vivants, M. Delafond se décida à ordonner l'utilisation du puits 3 comme puits de sortie d'air, ce qui exigeait la fermeture de son orifice et la transformation des puits 2 et 4 en puits d'entrée d'air, de manière à permettre aux sauveteurs de s'avancer sans danger trop évident et de relever les cadavres qu'ils ren-

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contreraient sur leur chemin. Dès ce moment, M. Delafond se demanda si le ventilateur du puits 3, renforcé au besoin par un ventilateur de secours offert par les mines de Béthune, permettrait d'aspirer à lui seul l'air entrant par les puits 2 et 4. Il fut convenu que, si l'on ne parvenait pas à établir ces deux entrées d'air, on se résignerait à abandonner provisoirement les recherches par le 4, où l'on savait que l'on rencontrerait des éboulements très considérables, et à faire tirer le puits 4, en même temps que le puits 3, sur le puits 2, seule entrée d'air conservée. En résumé, après sauvetage de tous les survivants que l'on put dégager le samedi 10 mars, on admit le 11 qu'il n'y avait plus de chances de retrouver d'autres vivants et que ce qui restait à faire était de remonter le plus rapidement possible le plus grand nombre possible de cadavres, sans compromettre davantage la vie des hommes auxquels on demanderait d'accomplir ce travail pénible. M. Delafond ordonna, en conséquence, le renversement du courant d'air. Nous devons dire ici (car cette hypothèse, si peu probable qu'elle parût, avait été envisagée) qu'au cas où des ouvriers resteraient enfermés dans des culs-de-sac non envahis par le mauvais air, le renversement du courant avait été reconnu ne pas devoir aggraver leur situation. Deuxième période : du 11 au 30 mars. Le programme adopté le 11 mars au soir fut mis immédiatement à exécution. On construisit le plancher destiné à fermer l'orifice du puits n° 3 et l'on mit en marche le ventilateur aspirant de ce puits. Mais, dès le lundi soir, à quatre heures, on dut renoncer à faire entrer l'air par le puits 4 qui, malgré l'eau qu'on y faisait tomber, restait