Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 227]

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goyot, ceux des échelles et de leurs planchers, ceux des guides rompus encombraient malheureusement le puits de telle sorte qu'après quelques heures de vains efforts le panier vint se poser sur un amoncellement qui en arrêta absolument la descente. On se mit, sans autres moyens que ce panier à marche nécessairement lente et difficile dans un puits obstrué par des débris menaçants, à entreprendre le déblaiement de la colonne du puits. Tandis que ce travail se poursuivait avec ardeur, mais presque sans résultat, à la fosse 3, M. Bar, ingénieur en chef de la compagnie, M. Domézon, ingénieur divisionnaire, M. Bousquet, ingénieur du siège 11-4, descendaient en hâte à la fosse 11, y faisaient remettre en état la cage faussée par l'explosion et remonter les ouvriers des quartiers épargnés, puis exploraient les travaux atteints par l'explosion, sans rencontrer autre chose que des cadavres, du mauvais air et des éboulements. A la fosse 10 descendaient de même les ingénieurs Voisin et Pegheaire; le premier se blessait en commençant le sauvetage ; le second, à demi asphyxié, dut aussi remonter rapidement. Leurs subordonnés poursuivaient les explorations et le sauvetage des survivants. Quelques heures après l'explosion, on estimait que, si tous les ouvriers des fosses 10 et 11 proprement dites avaient pu remonter ainsi qu'un certain nombre d'ouvriers de la fosse 2, .on devait déplorer la perte à peu près certaine de tout le personnel de la fosse 3, de celui de la fosse 4 et de 150, peut-être 200 mineurs de la fosse 2. L'état des cadavres rencontrés partout, les uns brûlés, d'autres broyés, d'autres asphyxiés, ne laissait que peu d'espoir de rencontrer beaucoup de survivants dans les quartiers directement atteints par l'explosion. Lorsque, vers onze heures du matin, M. l'ingénieur en chef Léon arriva d'Arras avec son personnel, il ne put naturellement que continuer ce qu'avaient commencé les

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ingénieurs de la compagnie. Envoyant M. Heurteau à la fosse 10, M. Leprince-Pànguet à la fosse 3, il se rendit lui-même à la fosse 4 ; chacun des ingénieurs de l'État descendit immédiatement dans la fosse qui lui était affectée pour se rendre compte par lui-même de la situation. De toutes parts affluaient les autorités civiles et militaires venant se renseigner et veiller au maintien relatif de l'ordre au milieu d'une population anxieuse et consternée, les journalistes avides d'informations, les directeurs et ingénieurs du bassin venant offrir leur concours et celui de leur personnel. Conformément aux prescriptions de l'article 14 du décret du 3 janvier 1813, M. l'ingénieur en chef Léon devait prendre et prit en effet la direction des travaux de sauvetage. Mais, au premier moment, il était d'autant moins possible de les coordonner avec un ordre parfait que les ingénieurs de la compagnie, auxquels il aurait eu des renseignements à demander ou des instructions à donner, passaient la plus grande partie de leur temps au fond de la mine pour essayer d'arracher quelques victimes à la mort. Vers six heures du soir, arriva sur les lieux de la catastrophe M. l'inspecteur général des mines Delafond, envoyé par M. le ministre des travaux publics pour diriger l'enquête et les opérations de sauvetage ou tout au moins, en ce qui concerne celles-ci, pour assister M. Léon de son autorité et de ses conseils. Il fut mis au courant de ce qui avait été fait jusqu'à son arrivée, descendit à la fosse II pour se rendre compte par luimême des constatations déjà faites, eut à recevoir MM. les ministres des travaux publics et de l'intérieur dans la nuit du 10 au 11, à se transporter sous la pluie et la neige d'une fosse à l'autre, et il dut attendre la venue du jour pour reprendre activement ses investigations. Quelques ouvriers avaient pu remonter encore vers dix