Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 226]

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LA CATASTROPHE

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La catastrophe a fait, enconséquence, 1.100 victimes environ ; un pareil chiffre suffit à montrer l'étendue du désastre. Les dégâts matériels étaient énormes; l'explosion avait causé des éboulements nombreux -et importants depuis la fosse 2 jusqu'à la fosse 4, soit sur une étendue de 3 kilomètres environ et sur la largeur entière du champ d'exploitation, supérieure à 1 kilomètre, notamment dans les veines Joséphine, Sainte-Barbe, Cécile et Marie ; les autres veines du gisement, Julie, Mathilde, Augustine, Amé, Eugénie, Adélaïde et Intermédiaire, avaient été moins éprouvées. Il paraissait résulter de toutes les déclarations faites par les ouvriers qui avaient échappé au désastre et de toutes les constatations faites immédiatement après la catastrophe que l'ensemble des voies principales avait été parcouru et ravagé soit par les flammes, soit par une violente chasse d'air et par des gaz irrespirables, depuis la fosse 3, où l'explosion semblait avoir pris naissance, jusqu'à la fosse 4 d'une part et au voisinage de la fosse 2 de l'autre. II.

— ORGANISATION DO

SAUVETAGE.

Pour bien saisir l'organisation des travaux de sauvetage, il convient de distinguer trois périodes, savoir : Première période : 10 et 11 mars ; Deuxième période : du 12 au 30 mars ; Troisième période : postérieure au 30 mars. Première période : 10 et 11 mars. Immédiatement après la catastrophe, on tenta, par tous les moyens possibles, d'aller au secours des victimes et de se faire une idée de l'importance du désastre. Tandis que l'on faisait remonter en hâte, par les fosses 10 et 11,

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le personnel des quartiers qui n'avaient pas été directement atteints par l'explosion, on ne tardait pas à constater l'impossibilité de pénétrer dans les travaux, sans perte de temps, par la fosse 3. M. Petit) ean, ingénieur principal de la compagnie de Courrières, venait de remonter par cette fosse après avoir visité des barrages qu'on avait construits pour étouffer un incendie dans la veine Cécile au voisinage du puits, quand l'explosion se produisit vers six heures trois quarts du matin. Or 1& j^é"»!? était divisée en trois compartiments par deux cloisons en fortes planches allant du jour au niveau 231. Au centre, le compartiment principal servait à l'extraction et à l'entrée de l'air ; l'un des compartiments latéraux, ou goyot, à la sortie de l'air aspiré par un ventilateur, l'autre à la circulation par les échelles. L'air entrant par le puits 3 se divisait en trois branches principales ; l'une de ces branches allait vers le puits 2, l'autre vers le puits 4, la troisième aérait un quartier au Sud de la fosse 3, par le goyot do laquelle elle sortait. L'air entrait, d'autre part, dansles travaux des fosses 11-4 et 2-10 par les puits 11 et 10, pour en sortir par les puits 4 et 2. L'aérage normal du groupe comprenait ainsi trois entrées d'air par les puits 11, 3 et 10, et trois sorties par le puits 4, le goyot du 3 et le puits 2. M. Petitjean se rendit immédiatement compte du fait que le ventilateur du goyot du 3 aspirait de l'air frais :.il en conclut très justement que la cloison du goyot était défoncée et que l'aérage de la fosse 3 était par là gravement compro1mis'. Son premier soin fut de s'efforcer de conserver l'entrée d'air par cette fosse. Aussitôt après avoir arrêté le ventilateur et pris quelques mesures pour maintenir le sens du courant d'air, il voulut descendre dans le puits : il dut renoncer à remettre les cages en mouvement et faire remplacer l'une d'elles par une benne ou panier, l'autre étant immobilisée au fond par des éboulements. Les débris du