Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 177]

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CATASTROPHE

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Mohler, travaillaient à faire du rauchage dans la bowette 375, à 100 mètres de l'accrochage et à 50 mètres du front; ils entendirent l'explosion et virent s'avancer vers eux un nuage de fumées. Ils ouvrirent en grand le tuyau d'air comprimé et purent ainsi se maintenir au front en bon air. Les mauvais gaz furent refoulés peu à peu ; à midi et demi, les deux hommes purent remonter par les échelles à 340, et furent ensuite recueillis par M. Storet. Vers sept heures du soir, le délégué mineur du n° 3, Simon, dit Ricq, descendit à la fosse n° 10 ; il manifesta son idée d'aller jusqu'au 3 par Julie au porion contrôleur Pelabon, du n° 3, qui s'offrit pour le guider; avec eux partirent le surveillant Manouvrier et l'ouvrier mineur Bouvier. Ils arrivèrent sans encombre à la bowette 280 Nord, où ils commencèrent à rencontrer des cadavres, puis à l'accrochage. Ils crièrent dans le puits, on leur répondit d'en dessous. Descendus à 303 par le bure des écuries de Sainte-Barbe au Nord, ils trouvèrent à l'accrochage treize hommes qui attendaient : deux d'entre eux venaient de Sainte-Barbe dressant Sud-Ouest, cinq autres de Sainte-Barbe plateure Sud-Est, et les six derniers de Mathildeau Nord. Ils furent ramenés à 280jusqu'au n° 10; en revenant au n° 10, l'équipe passa par Mathilde au lieu de Julie, et rencontra encore quatre vivants, un près du beurtia de Mathilde à Julie et trois dans Mathilde, qui venaient tous les quatre de Sainte-Barbe Nord-Est. A neuf heures et demie, tous étaient remontés au jour au n° 10. Le même soir, il avait été constaté qu'on ne pouvait toujours pénétrer dans Joséphine 340 ni dans SainteBarbe. Le dimanche 11, M. l'ingénieur en chef Léon décida de renvoyer une équipe explorer les abords du puits n° 3; elle fut mise sous le commandement de M. Leprince-Ringuet, assisté de M. le contrôleur des mines Fenzy; le

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délégué Simon et le porion contrôleur Pelabon les accompagnaient. Arrivés au puits n° 3, ils constatèrent que l'accès de la bowette Sud 280 était interdit comme la veille par des fumées qui stationnaient devant les barrages ; ils descendirent à 303 et s'avancèrent au Nord jusqu'aux éboulements qui barraient l'entrée de la voie de fond de Joséphine ; puis M. Leprince-Ringuet descendit seul à 326 par les échelles branlantes du bure d'accrochage. Au bout de quelque temps, il fut rejoint par ses compagnons. La bowette Nord fut explorée jusqu'à l'éboulement d'Amé, la bowette Sud jusqu'à l'entrée de Joséphine. Le mauvais air empêcha d'aller plus loin. Les appels sur les tuyaux et à la voix restèrent sans réponse. L'équipe remonta à deux heures. Le même jour, on put pénétrer de quelques dizaines de mètres dans la voie de fond de Joséphine 340, et aborder le beurtia Bourlard sans y descendre encore cependant.

Nous avons raconté sommairement les tentatives de sauvetage pendant les deux premiers jours, le 10 et le 11, jusqu'au renversement d'aérage, qui fut décidé dans la soirée du 11 et réalisé dans la nuit du 11 au 12 à une heure du matin. Cette décision et toutes les opérations du sauvetage qui suivirent jusqu'à la sortie des quatorze « rescapés », le 30 mars et le 4 avril, ont fait l'objet d'une enquête et d'un rapport spécial. Nous renvoyons à ce rapport (*) pour le détail et la discussion des mesures prises pour le sauvetage, et nous rappellerons seulement d'une manière sommaire les phases successives du sauvetage et de la rentrée dans les travaux sinistrés. Dans la nuit du 11 au 12 mars, le puits n° 3 fut fermé, (*) Annexe A.