Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 84]

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COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES

Les accidents relatés dans le dossier transmis à la Commission se ramènent à deux types : 1° Des déflagrations fusantes d'explosifs au nitrate d'ammoniaque provoquées par l'amorce au fulminate et dans lesquelles le grisou ne paraît pas avoir joué de rôle ; 2° Des inflammations de grisou par de la grisoutinecouche ayant détoné régulièrement. Conformément au programme de la Commission du Grisou, la Commission s'est surtout attachée à rechercher les circonstances dans lesquelles peuvent se produire les accidents du premier type. D'après les essais entrepris, la grisoutine-couche ne paraît pas pouvoir donner lieu à des déflagrationsfusantes. La même conclusion a été formulée antérieurement par la Commission du Grisou pour les grisoutines Favier. La Commission a recherché si, par des additions de matières combustibles, on ne pourrait pas faciliter l'inflammation des grisoutines. Parmi les matières expérimentées, deux, la nitroglycérine et la paraffine, doivent être éliminées ; deux autres, le papier et le coton-poudre, doivent être retenues ; enfin la dernière, le charbon, paraît êtrela véritable cause des déflagrations constatées. Les accidents des mines de Gagnières se sont tous produits en couche; d'autre part, il reste du poussier de charbon dans les trous de mine,etce charbon^peut être mélangé à l'explosif par l'ouvrier qui écrase l'explosif au fond du trou ; cependant la cartouche-amorce ne paraît pas devoir être mélangée de poussier. Enfin, la Commission a entrepris des essais d'inflammation, par l'amorce au fulminate, de grisoutine-couche additionnée de charbon. Avec le charbon de bois, l'inflammation par l'amorce est facilement obtenue. Avec le charbon de houille, on n'a obtenu que deux inflammations sur près de 100 essais.

RAPPORT SUR L'ÉTUDE DES RATÉS DE DÉTONATION

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En résumé, il peut se produire, dans les trous de mine forés en couche, des mélanges de grisoutine ou grisounite et de charbon. En cas de raté de détonation, de tels mélanges peuvent donner lieu à des déflagrations fusantes identiques à celles qui ont été constatées aux mines de Gagnières ; dans ce cas, l'inflammation du grisou, s'il y en a, est presque certaine. En cas de détonation, le danger sera moindre; mais le charbon mélangé à l'explosif, en augmentant la température de détonation et en produisant de l'oxyde de carbone, pourra faciliter l'inflammation du grisou et faire perdre l'avantage recherché par l'emploi des explosifs de sûreté. La Commission estime que les déflagrations constatées aux mines de Gagnières sont probablement dues à un mélange d'explosif au nitrate d'ammoniaque et du poussier de charbon qui existe dans les trous de mine. Elle propose de conseiller : 1° Le curage soigné des trous de mine forés en couche; 2° La suppression des bourrages exagérés pouvant écraser les cartouches et les mélanger de charbon ; 3" Le renforcement des amorçages. Enfin, la Commission désirerait être informée des nouveaux accidents qui pourraient se produire avec les explosifs de sûreté au nitrate d'ammoniaque. Paris, le 14 mars 1907. Le Rapporteur, DAUTRICHE.

Adopté par la Commission des Substances explosives, dans sa séance du 14 mars 1907. Le Secrétaire, LlOUVILLE.

Le Vice-Président, P. VIEILLE.