Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 35]

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ÉTUDE

SUR

DANS LES ARDENNES

L'INDUSTRIE DU FER

évolué, elles se composent d'une foule de bâtiments sanshomogénéité. A la suite d'un incendie, une grande partie a été reconstruite et condensée dans un hall immense à trois étages dominant tout le fond de la vallée. Les différents bâtiments sont désignés sous des noms dont l'origine est souvent inconnue ou particulièrement bizarre (l'Arsenal, Saint-Cloud, Paris, Versailles, l'Amérique, le Vatican) . C'est aux usines de Bogny que l'on trouve, outre la boulonnerie mécanique ordinaire, la boulonnerie avec machines américaines perfectionnées capables de débiter chacune 25 à 30.000 boulons par jour. Le brevet de ces machines a été acheté par la maison aux inventeurs américains; aussi ne les trouve-t-on nulle part ailleurs. Pendant de longues années elles ont été tenues absolument secrètes, et l'accès n'en était permis qu'au personnel nécessaire. Cette consigne assez stricte est devenue dans ces derniers temps un peu moins sévère, mais cependant personne encore n'est admis à les visiter; aussi nous empressons-nous de remercier ici MM. les administrateurs, qui nous ont accordé la faveur de visiter toute leur usine et de pénétrer jusqu'aux machines américaines ; nous avons pu voir celles ci de près, les regarder fonctionner et assister même au démontage de l'une d'elles, mais nous devrons nous abstenir d'en donner la nomenclature et la description. Parmi les institutions créées en faveur des ouvriers, nous citerons d'abord la caisse des retraites : les patrons versent 3 p. 100 du bénéfice "net, soit environ 10.000 francs par an; d'autre part, on retient 2 p. 10Q à l'ouvrier sur son salaire, et les patrons paient 5 p. 100 d'intérêt sur les retenues faites jusqu'à concurrence de 200.000 francs ; actuellement il y a 1G0.000 francs. Pour avoir droit à la retraite, un ouvrier doit avoir quinze ans de service et soixante ans d'âge. Les retraites accordées jusqu'alors

FRANÇAISES

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varient de 230 à 400 francs. Cette fondation encore nouvelle n'aura vraiment son efficacité que dans une dizaine d'années. Tl existe, on outre, une caisse de secours, possédant environ 500 francs et destinée à aider les ouvriers dans la misère : tout retardataire subit une amende de 0 fr. 10 au profit de la caisse. Nous avons eu l'occasion déjà de parler de la crèche Alexandre-Joseph. Nous signalerons enfin que les boulonneries de Bogny possèdent environ 130 maisons ouvrières, divisées en deux catégories et louées 8 et 14 francs par mois. Au prix de S francs, l'ouvrier dispose d'une pièce basse et d'une pièce haute, d'une cave et d'un grenier. Au prix do 14 francs, il a deux pièces basses, deux pièces hautes, une cave et un grenier. A la maison est adjoint un jardin de quelques ares.

§ 3.

— LA BOULONNERIE DE PRÉCISION.

M ARC AD ET FILS,

A

CHATE AU-REGNAULT .

La maison Marcadet a été fondée en 1851 par M. Marcadet père, sous la firme Marcadet-Guillemin ; M. Marcadet fils est entré dans la maison, comme collaborateur, en. mars 1872. Associé en 1879, il continue seul depuis 1891 r date du décès de son père. Il a donc actuellement plus de trente-cinq années do pratique industrielle. La maison fabrique toute la boulonnerie en généraL mais sa grande spécialité est la boulonnerie finie; elle est une des premières qui aient donné à la fabrication des boulons et autres articles finis une extension considérable. La spécialisation de ces pièces s'imposait, par suite du développement toujours do plus en plus grand de la