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LA GENÈSE DES EAUX THERMALES
ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME
pas de l'eau d'imbibition ou de carrière ; j'ai, en effet, établi qu'elle est, en majeure partie, combinée aux matériaux de la roche qu'elle n'abandonne qu'au rouge. Sans doute (surtout si l'échantillon que l'on étudie a été détaché d'une assise placée à quelques mètres seulement au-dessous du sol) un peu d'eau d'imbibition peut imprégner la substance pierreuse; mais, quand on a débarrassé de cette eau la poudre de granit ou de porphyre en la chauffant de 150° à 200° dans le vide, l'eau qui reste, et qui constitue la majeure partie de l'eau primitive totale, ne se dégage plus qu'à 450 ou 500° dans le vide. C'est donc bien là de l'eau de constitution ; ses éléments en sont fortement combinés, à l'état d'hydrates ou autrement (*), aux principes constitutifs des granits, porphyres, trachytes, à la façon de la potasse ou de la silice. r Relativement aux quantités d'eau que j'ai ainsi extraites des roches cristalliniennes, voici quelques nombres précis (**) :
de 3 à 18 fois son volume de gaz nouveaux. Ils apparaissent au rouge ou un peu avant le rouge. Chose intéressante (et c'est là ce qui m'a révélé l'importance de ces faits), ces gaz ont la composition des gaz volcaniques. Voici, en effet, les analyses : 1° des gaz que j'ai extraits au rouge des granits, porphyres, ophites, etc.; 2° de ceux que A. Tilden a trouvés dans le gneiss ; 3° pour comparer, j'inscris ici les analyses des gaz des fumerolles volcaniques du mont Pelé et des volcans de Santorin.
Verte d'eau dans le vide par kilogramme de roche.
Granit (de Vire) Porphyre (Esterel) Ophite (Villefranque) I.herzolithe (Lherz)
de 15 à 200» 2s r ,29
5 ,80 » »
de 200» au rouge
7S',35 .
12 ,40 15 ,06 l(i ,80
En même temps que cette eau, il sort aussi de la roche (préalablement pulvérisée et épuisée de toute partie volatile grâce au vide complet et à un chauffage à 200°) (*) On sait depuis longtemps que de l'eau se produit quand on calcine les micas, certains feldspaths (andésites), l'enstatite, quelques amphiboles, etc., soit que l'eau y préexiste combinée à l'état d'hydrates, comme dans les zéolithes, serpentines, etc., soit qu'elle y remplace en partie les bases fixes, soit que ses éléments unis sous une autre forme aux principes constitutifs de la roche ne se recombinent qu'au rouge pour produire cette eau. (**) Compt. Rend. Acad. Sciences, t. CXXX1I, p. 60, 189, 140 et 932.
Gaz des roches et gaz volcaniques. Gaz vol paniques
Gaz extraits des roches au rouge
Porphyre Granit (Esterel) (Vire) (A.Gautier) (A.Gautier)
Gneiss Ophite (Villefranque) (Serlngapatoun) (Tilden) (A. Gautier)
Pautorin Moiii Ptté i' Moissan) (Fouqué) (
iydregène libre.. . Acide carbonique (avec un peu d'oxysulfure de car-
77,30
31
,on
56,29
61,9
22,3
16,12
14.80 4/.U 2 25
59, ln 4,20 2,53
35,71 4,85 1,0!)
31,6 0,5
44,20 •4,50 15,7
50,41
bone)(") Oxyde de carbone . Méthane Hydrocarbures non saturés Hydrogène sulfuré. Azote (avec argon) (•**) ........ Ammoniaque
0.0 0,0
0,0 0,55
0,0 0,0
0,0 0.0
0,0 trace
2,10 traces
0,68 traces
1,6
12.20 traces
0,0 trace 0,83 traces
■
2,95
30,32 traces
(*) Fouqué et M. Moissan ont trouvé un peu d'oxygène libre dans leurs gaz volcaniques. Fouqué, qui recueillit ce gaz sous l'eau de la mer, pense que cet oxygène provient de la dissociation de l'eau au contact de la lave incandescente. 11 en indique 0 ,2 p. 100 dans ses gaz. M. Moissan en a trouvé un peu plus: mais les gaz volcaniques qu'il a analysés n'avaient pas été recueillis par lui et, en les puisant dans un soufflard, l'opérateur a sans doute laissé de l'air se mélanger au gaz recueilli. J'ai fait la correction de ce gaz oxygène et de l'azote correspondant dans l'analvse de M. Moissan que je transcris ici. (**) J'ai, depuis mes premières recherches, reconnu que de 1 oxysulfure de carbone était mélangé à l'acide carbonique. On sait qu'il a été signalé aussi dans les gaz volcaniques. (***) L'argon, dans mes expériences, a varié du 40" au 110" du volume de l'azote. Il a paru, en certains cas, accompagné d'un peu d'hélium. J'ai aussi trouvé, dans mes gaz des roches, des traces de pétrolène, un peu d'ammoniaque et des indices de sulfocyanures.