Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 168]

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ET

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LA

GENÈSE

DES

EAUX

THERMALES

dans la première moitié de l'année 1780, eut plusieurs éruptions ; il se produisit le 8 mai, sur la côte, des secousses locales particulièrement violentes qui furent comparées a des explosions. Pendant le mois de juin, Vulcano éclata avec un bruit formidable; le 14 septembre, Patti, sur la côte septentrionale entre l'Etna et Vulcano, subit une violente secousse; le 13 février 1781, il y eut un tremblement de terre à Messine ; le 4 mai, l'Etna étant en pleine activité, on ressentit une nouvelle secousse dirigée du Nord au Sud. Plus tard, le 5 février 1789, commençait le grand tremblement de terre de la Calabre... Depuis 1780, Vulcano était resté au repos ; au mois de juillet 1782, il commença à rejeter des masses de vapeur de plus en plus abondantes, et jusqu'au 20 octobre il y eut une série d'explosions rythmiques. Il est resté dans un état d'activité modérée jusqu'au milieu de l'année suivante. L'Etna fit éruption le 29 août 1874. Le sommet de la montagne se fendit sur une longueur de 5 kilomètres, etc.. Nous arrivons à la phase suivante. Elle commença le 4 octobre 1878 parmi violent tremblement de terre à Mineo. D'autres secousses suivirent. Il se produisit dans les volcans de boue de Paternô des éruptions de gaz et de boue qui continuèrent longtemps. L'activité du volcan augmenta à partir du 6 janvier 1879. Le 26 mai, des secousses répétées furent senties au pied sud de l'Etna, ci vers le soir on vit s'élever sur le haut de la montagne des colonnes noires de fumée, tandis que du haut du cratère principal s'échappaient des vapeurs blanches. » Parlant des mouvements séismiques du sol, Suess écrit (*) : « Tout se passe comme si certaines parties de l'écorce terrestre, sous l'action de leur propre poids, tombaient dans de grands vides placés au-dessous, ou encore comme si la surface du globe s'enfonçait dans une (*) SUESS,

ibid., t. I, p. 226.

SES

RAPPORTS

AVEC

LE

VOLCANISME

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lave cédant sous la poussée... Et c'est là, précisément dans ces régions d'affaissement, qu'avec les tremblements de terre se produisent la plupart des éruptions volcaniques montant par les fentes de dislocation. » Concluons que les éruptions volcaniques, et, comme on va le voir, la formation des eaux thermales, ne sont que le retentissement extérieur des modifications d'équilibre, mécanique et chimique, qui se passent dans les profondeurs. III. — Relations qui lient les fractures et effondrements des roches profondes aux éruptions volcaniques et à la production des eaux thermales. Pour faire comprendre, dans leur mécanisme intime, les relatiçns que l'instabilité des couches profondes du globe et les tassements irréguliers qui s'y produisent ont avec les éruptions volcaniques et avec la genèse des eaux thermales, je dois exposer maintenant le résultat de mes observations, faites de 1899 à 1902, sur la constitution des roches cristalliniennes et sur les curieux effets de leur échauffement. J'ai montré à cette époque (*) que, lorsqu'on porte au rouge naissant et dans le vide la poudre des roches primitives: granits, porphyres, trachytes, gneiss, gabros, Iherzolithe, etc., il s'en échappe toujours de l'eau et des gaz, parmi lesquels prédominent l'acide carbonique et l'hydrogène. Pour le moment, bornons-nous à considérer l'eau qui sort au rouge de ces roches. Contrairement à ce qu'avaient cru Bischoff (**) et Delesse (***), celte eau n'est (*) C, Rend. Acad. Sciences, t. CXXXII, p. 60 (1900). (**) Léhrb. il. chem. ». phys. Geàlog., t. I, p. 2.'!3 et suiv. (***) Recherches sur l'eau il' imbibil inn des roches (Bull . Suc. fféolog., 2' série, t, XIX, p. 64). Dans un second mémoire (t. VI, p. 391), Delesse reconnaît qu'une partie de l'eau est unie aux feldspath», mais il n'en tire aucune autre conclusion.