Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 232]

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RICHESSES MINÉRALES DE

LA NOUVELLE-CALÉDONIE

faire intervenir des eaux chaudes pour expliquer le remaniement du nickel primitivement disséminé dans les péridotites, ou pour expliquer sa venue depuis les profondeurs. Contre cette dernière hypothèse, nous avons tout d'abord à renouveler les arguments déjà présentés ci-dessus au sujet de l'absence de toute indication de racine des gisements de nickel, et de toute disposition en véritable réseau de fractures profondes des cassures de roche qui contiennent souvent le minerai; nous avons, d'autre part, à faire observer qu'en aucun point des régions où les ùTonnets disséminés dans les cassures de la roche disparaissent pour faire place à des amas complexes de dépôts superficiels, on n'a pu, à notre connaissance, localiser quoi que ce soit qui ressemble à un émissaire autour duquel se grouperaient en éventail des concrétions riches, rappelant en quelque sorte les dépôts qui se produisent autour des orifices des geysers. Enfin, àmoins que l'on ne veuille admettre que les énormes masses de péridotite souvent très fraîche que l'on rencontre sans aucune trace de concrétions de silicates nickelifères (surtout celles de la région du Sud de l'île) aient été quelque peu imprégnées par de semblables eaux thermales qui leur auraient donné la légère teneur en nickel constatée aujourd'hui, ce qui personnellement nous paraît bien invraisemblable, on serait conduit à accepter l'idée de deux venues successives de nickel de la profondeur, une première avec les péridotites, et dont le nickel se serait disséminé irrégulièrement dans ces péridotites mais toujours avec une assez faible teneur, et une deuxième, sous forme de sources thermales, pour former directement les gisements de concentration que nous connaissons. C'est là également une hypothèse que nous hésiterions à faire; et elle deviendrait plus invraisemblable encore s'il venait à être établit comme nous en avons indiqué la possibilité, que les pen-

LES

MINES DE NICKEL

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dotites ont été jetées en bloc sur le sol calédonien au cours de quelque puissante convulsion de l'écorce terrestre, et si l'on se trouvait alors amené à admettre que ce ne serait plus que par une coïncidence vraiment extraordinaire que ces péridotites, supposées déjà légèrement nickelifères, auraient été ultérieurement le siège exclusif de la circulation des eaux thermales amenant des profondeurs de nouvelles quantités de nickel. Pour nous donc, le nickel de la Nouvelle-Calédonie est venu de la profondeur disséminé dans la péridotite, tant dans le péridot lui-même que dans l'enstatite, en petites quantités, et associé d'ailleurs avec des traces de cobalt et de manganèse, tous trois métaux très voisins du fer, dont les protoxydes se sont vraisemblablement mélangés en faible proportion au protoxyde de fer et à la magnésie au moment de la cristallisation des silicates ferreux magnésiens; cette proportion peut, dans les échantillons que nous avons examinés, atteindre jusqu'à 2 1/2 p. 100 de nickel et cobalt métalliques sur la totalité de la roche, mais elle reste le plus souvent de quelques millièmes seulement (*). Ce ne seraient ensuite que des actions superficielles qui auraient concentré le nickel sur certains massifs, ou plutôt en certains points de certains massifs, et il ne nous semble pas du tout nécessaire de faire même intervenir des eaux thermales pour expliquer cette concentration; elle nous paraît pouvoir simplement être attribuée aux eaux courantes superficielles que nous avons déjà vu, avec une évidence qui nous paraît complète, donner (*) Suivant M. Levât (D. LEVÂT, Association pour l'avancement des sciences, loc.cit., p. 3), cette teneur pourrait atteindre 5 p. 100 pour des serpentines ne présentant pas de traces de fissures tapissées de minerai de nickel. Nous ignorons si les échantillons dont il s'agit, qualifiés serpentines et non péridotites, étaient suffisamment inaltérés pour que °n puisse affirmer qu'ils n'aient pas été soumis à l'action d'eaux susptibles d'y avoir produit une première concentration du nickel.

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