Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 231]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

ne peut donc passer pour avoir été formé par ségrégation ignée ou par des émanations minéralisatrices sulfurées, arséniées, etc., telles qu'on les imagine généralement ; des lors, à moins d'admettre que des arsèniosulfures ou des minerais analogues doivent se rencontrer à des profondeurs où l'on n'est pas encore parvenu, on serait obligé d'en revenir soit à notre manière de voir, soit à l'hypothèse des sources thermales. Or il paraît bien difficile aujourd'hui de croire encore à l'existence en profondeur de minerais d'une autre nature, après plus de 25 ans de recherches de toutes sortes, dont beaucoup ont eu lieu par galeries souterraines, et dont quelques-unes ont exploré les gisements à plus de 100 mètres de profondeur (*) (filon de la Boa-Kaine suivi sur 108 mètres de verticale, mine Bien- Venue explorée jusqu'à 145 mètres audessous de la tête du filon), sans qu'il ait été trouvé une seule trace de ces minerais de profondeur. Il est vrai de dire cependant que l'on a signalé, il y a quelques années, en Nouvelle-Calédonie, quelques mouches de sulfure de nickel (millerite tenant 46 p. 100 de nickel), rencontrées — cela paraît établi d'une façon à peu près certaine — dans les travaux souterrains fort peu développés de la mine de chrome Espérance. Cette mine est constituée par un filon irrégulier, en chapelet, de fer chromé plus ou moins pur, apparaissant au milieu d'un très petit massif isolé d'une péridotite à bronzite qui, rapporté sur les terrains sédimentaires (schistes phylladiens très quartzeux), forme, sur la rive gauche de la rivière Pouéo, à 10 kilomètres au Nord de Bourail, un piton isolé et élevé de 275 mètres. Une galerie, longue de 9 mètres seulement, ayant été ouverte sur l'affleurement de ce filon à la cote 235, dans (*) Ces travaux sont, il est vrai, tous restés au-dessus du niveau hydr< statique.

LES MINES DE NICKEL

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une direction Sud légèrement Ouest, aurait rencontré le long des épontes quelques mouches de ce sulfure, associé à de la pyrite, et qui aurait d'abord passé pour tel; mais, analysé ultérieurement au laboratoire du service local à Nouméa, il a montré la composition suivante : Nickel Fer Cuivre Arsenic

46 ,33 0,44 0,06 Néant

11 n'a plus depuis lors été fait aucun travail sur le gisement ; nous avons examiné avec beaucoup de soin aussi bien le front d'avancement abandonné que les épontes mises à nu, les affleurements, et les blocs rejetés, sans trouver nulle part la moindre trace de minerais sulfurés quelconques ; il semble donc qu'il y en ait eu seulement quelques mouches sporadiques ségrégées, en même temps que le fer chromé, au sein d'une masse qui est légèrement nickelifère, on le sait bien. Mais il n'y a là aucune espèce d indication que l'origine des puissants gisements superficiels de nickel que l'on connaît sur d'autres massifs, et précisément pas sur celui-là, puisse être due à la transformation de tels minerais sulfurés. Cette absence totale, en profondeur, des minerais sulfurés du nickel, absence que plus de 25 années de travaux n'ont pas démentie, est, à notre avis, avec ce qui est relatif aux conditions de gisement, un argument décisif à opposer à ceux oui voudraient faire dériver les minerais connus de l'altération de minerais de profondeur dune autre nature chimique, qui auraient été ségrégés au milieu de la masse des péridotites. Mais cet argument n'est pas opposable de même à ceux qui voudraient attribuer la formation des minerais calédoniens à des sources thermales ; il faut d'ailleurs préciser le sens à donner à ce terme, car toute différente, à notre avis, serait l'idée de