Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 184]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

FORMATIONS GEOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

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d'oxydes de manganèse, de nickel, et de cobalt, il paraît tout naturel d'admettre, qu'une fois le squelette quartzeux des roches brisé, ces matières désagrégées aient été charriées par les eaux et déposées, soit sur les pentes douces, soit dans le fond des vasques formées par les roches avoisinantes ; avec ces matières, principalement ferrugineuses, étaient d'ailleurs entraînés soit des restes non dissous de la roche même, fragments d'enstatite (minéral résistant beaucoup mieux à la décomposition que le péridot) et de fer chromé, soit des débris des plaquettes quartzeuses qui, suivant les circonstances, se répartissaient dans La masse du dépôt en formation ou se concentraient dans des lits spéciaux. En même temps, sous l'effet d'actions chimiques difficiles à préciser mais que l'on peut cependant imaginer, certains éléments se dissolvaient pour se précipiter ensuite dans des conditions spéciales : le nickel avec la magnésie, pour se déposer sur les roches et dans leurs fentes et interstices sous la forme des hydrosilicates dont nous aurons à reparler ; le cobalt avec le manganèse, pour constituer des rognons épars dans l'argile rouge.

ment une proportion très notable de magnésie. Néanmoins, soit l'évaporation naturelle, soit le départ de l'acide carbonique à la faveur duquel certaines eaux s'étaient chargées de bicarbonate de magnésie, soit un effet de précipitation chimique', amènent dans certains cas le dépôt d'une partie de la magnésie ainsi entraînée : on le constate d'abord dans les gisements de nickel où la magnésie s'est abondamment précipitée avec ce métal ; on le constate ensuite par la formation d'enduits blancs plus ou moins importants à la surface du sol ou le long de parois rocheuses. On l'observe enfin par la rencontre d'efflorescences de carbonate de magnésie ou giobertite, qui se forment souvent au pied des massifs serpentineux au contact de ceux-ci et des terrains sédimentaires, peutêtre par suite d'une double décomposition chimique. Ce phénomène s'observe avec une netteté particulière au pied des massifs serpentineux qui bordent la côte Ouest : les schistes argileux noirs des plaines qui s'étendent entre Koumac et Voh sont semés, d'une façon spécialement abondante, de ces sortes d'efflorescences, souvent assez épaisses, de carbonate de magnésie très pur.

De tous les éléments des péridotites ainsi exposés à la dissolution par les eaux superficielles, la magnésie est certainement le plus soluble à la faveur de petites quantités d'acide chlorhydrique ou sulfurique, ou simplement d'acide carbonique ; il n'est donc pas surprenant que, bien qu'elle soit absolument dominante dans les roches serpentineuses, elle n'apparaisse qu'en petite quantité dans les argiles rouges, et qu'elle ne donne lieu Sju 'à des formations beaucoup moins importantes que la silice ou le fer. On peut d'ailleurs constater tous les jours les importantes quantités de magnésie qui sont emportées à la mer par les eaux des torrents qui descendent des massifs serpentineux ; ces eaux contiennent en effet constam-

AvecTénumération des produits secondaires dérivés des péridotites, nous avons achevé la description des formations géologiques de la Nouvelle-Calédonie : on peut, sans exagération, dire qu'aucune d'entre elles n'est stérile au point de vue des richesses minérales; les terrains primitifs renferment une partie des mines de cuivre de la colonie et quelques traces d'or; aux schistes sédimentaires sont associés les autres minerais de cuivre et d'or et quelques métaux divers ; les assises crétacées renferment le charbon ; enfin la formation serpentineuse contient le nickel, le cobalt, et le chrome. Nous allons chercher à donner successivement une idée des conditions dans lesquelles se présentent les différente gisements, en commençant