Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 183]

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RICHESSES

MINÉRALES

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fer ; quelquefois les grains ferrugineux se concentrent en outre dans certains lits intermédiaires de la formation : enfin c'est là que s'intercalent les gisements de fer chromé d'origine détritique et les traînées de minerai de cobalt dont nous aurons à reparler, de même que les amas de blocs et de grains d'oxyde de fer. Nous reviendrons ultérieurement sur la composition chimique de ces argiles rouges et nous en donnerons quelques analyses (Voir ci-après, troisième partie, chap. ni, B). Ce qu'ilimporte pour le moment d'en faire connaître, c'est qu'en dehors des formations minérales accidentelles dont nous venons de parler, ou des débris de minéraux que nous avons mentionnés, elles sont essentiellement constituées par du sesquioxyde de fer légèrement chargé d'oxydes de manganèse, de nickel, et de cobalt, ou même de chrome. Ces oxydes métalliques interviennent généralement pour les 2/3 ou les 3/4 dans la composition du mélange, et ils ne sont associés à de la silice, de l'argile, et de la magnésie qu'en proportion toujours assez faible; l'argile, par exemple, ne constitue pas plus de quelques centièmes de la masse. C'est donc à tort que l'on désigne ces formations sous le nom d'argiles ferrugineuses, nom qui évoquerait l'idée d'une prédominance de l'argile dans la composition de la masse ; néanmoins cette expression rend assez bien compte de l'apparence présentée par ces masses d'oxyde de fer; aussi l'emploierons-nous avec les auteurs qui l'ont déjà décrite, mais en faisant bien remarquer que c'est là un terme impropre. Une telle formation nous a paru avec évidence devoir être regardée comme constituée aux dépens des serpentines désagrégées par les actions atmosphériques, et comme résultant du transport d'une partie de leurs éléments parles eaux courantes. M. Heurteau les avait déjà considérées comme étant formées aux dépens des serpentines;

FORMATIONS

GÉOLOGIQUES

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M. Pelatan (*), tout en reconnaissant qu'elles proviennent principalement de la décomposition sur place des serpentines à bronzite, ajoute que cette décomposition a dû être provoquée par des émanations minérales et métallifères et être accompagnée du départ d'une forte proportion de magnésie. Cette dernière idée est d'ailleurs à peu près celle qui avait été émise quelques années avant la publication du travail de M. Pelatan par M. Levât (**), pour lequel ces argiles rouges seraient des dépôts d'eaux thermales ayant dissous en profondeur du fer, emprunté, pense-t-il, aux roches serpentineuses, puis ensuite de l'argile, empruntée à des schistes, et qui auraient alors déposé à la fois les argiles rouges et les grains ferrugineux qui les recouvrent. Pour notre part, nous ne voyons pas la nécessité d'invoquer ici des venues d'eaux thermales de la profondeur et des phénomènes de dissolution plus ou moins compliqués ; nous ne voyons dans la formation des argiles rouges que l'effet du transport à courte distance d'une partie des éléments détritiques provenant de la décomposition superficielle des péridotites : celles-ci sont constituées, comme nous l'avons dit, essentiellement de silice, de magnésie et de protoxyde de fer, avec accessoirement de petites quantités d'alumine, d'oxyde de manganèse, et d'oxydes de nickel et de cobalt : si l'on admet que les eaux superficielles aient pu en dissoudre certains éléments, puis déposer immédiatement la silice sous la forme des plaquettes quartzeuses que nous connaissons déjà, entraîner la majeure partie de la magnésie en solution sous forme de chlorures, sulfates, ou carbonates, et laisser le fer à l'état de sesquioxyde désagrégé retenant en tout ou partie les petites quantités d'alumine et (*) Loc. cit., p. 45. (**) David LEVÂT, Etude sur les gisements de nickel, de cobalt et de chrome de la Nouoelle-Calédonie (Association française pour l'avancement des sciences, Congrès de Toulouse, 1887).