Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 14]

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NOTE SUR LES MINES DE BITUME

boisage, ayant rarement plus de 15 à 20 mètres de profondeur. Quant à l'abatage, il se fait exclusivement au pic, avec dispositions de chantiers en gradins droits ou renversés, avec ou sans piliers, suivant la forme et les dimensions des poches. Ordinairement une poche offre un ou plusieurs renflements avec quelques prolongements irréguliers. Les formes varient considérablement de l'une à l'autre. Disons, pour fixer les idées, qu'une masse d'un seul tenant de 1.600 mètres cubes est une belle masse. Le plus ordinairement, une telle masse est séparée par de minces filets qui en relient les fractions. Dans l'exploitation qui précède, il est clair que tout entre et sort par la galerie. C'est éminemment simple. Mais, bien évidemment, pour que ce soit économique, c'est-à-dire indiqué, il faut que la quantité Q de minerai espéré, multipliée par la différence des prix de revient R et R' aux chantiers ordinaires et aux chantiers à ouvrir, donne un produit supérieur au coût d'établissement C de la galerie, c'est-à-dire que l'on ait : Q X (R

— H')

> G.

Dans tous les autres chantiers, l'exploitation se fait par puits descendant dans le minerai et sortage au dehors, par cordages et treuils, du minerai mis en sacs au fond même. La mise en sac a pour raison d'être le transport qui va suivre et qui se fait à dos de mulets en ces mêmes sacs. Une partie de l'exploitation de ces chantiers est donnée aux mineurs à l'entreprise. S'il y a lieu à épuisements, ce qui se présente de temps en temps, soit après des pluies abondantes et des infiltrations, soitpar suite de rencontres de poches aquifères, etc., cet épuisement se fait soit par pompes à la main, soit par seaux à la corde. En l'absence de machines, il nous est arrivé d'être obligé d'abandonner des chantiers dès

EXPLOITÉES EN ALBANIE

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que l'on atteignait le niveau du fond des ravins ou celui des ruisseaux. L'éclairage, partout, se faisait avec des lampes à feu nu, à l'huile d'olive produite dans le pays même. La main-d'œuvre n'est pas chère. Le prix d'un ouvrier ordinaire est de 5 piastres, soit 1 fr. 06. Mais nous sommes de ceux qui, après expériences en divers pays, pensent que les mains-d'œuvre s'équivalent. Assurément le travail moyen d'un ouvrier albanais, musulman ou tchobane, ne vaut pas davantage. Bitume solide brillant. — L'exploitation du bitume bril-

lant est totalement différente. C'est, en effet, exclusivement du travail au rocher. Là, plus d'entreprise, car aucun indigène n'est capable, ni moralement, ni techniquement, de l'effort ni de la persévérance nécessaires. Nous avons signalé plus haut l'allure d'apparence filonienne, le pendage presque vertical, la dureté du terrain encaissant. Ajoutons que la puissance varie de quelques centimètres, parfois 0 m ,02 à 0 m ,03 jusqu'à l m ,20 et l m ,50, avec des renflements brusques, des rétrécissements inattendus, bref autant d'irrégularité que dans les poches. Très généralement il y a des venues d'eau plus ou moins sensibles, lesquelles obligent à un épuisement dans les parties situées au-dessous du fond des ravins. Cet épuisement étant parfois très difficile et très coûteux, sans autre moyen d'action que des pompes mues à la main, nous allions le plus rapidement possible au fond du gisement, d'où, après qu'un examen et des recherches nous avaient démontré l'inutilité de pousser plus bas, nous effectuions l'exploitation de bas en haut, par gradins renversés, de manière à laisser successivement noyés les étages du fond que les stériles abattus comblaient, et à réduire par suite au minimum le travail d'épuisement. Le bitume s'abat parfois au pic ; mais avec une épais-