Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 236]

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LES CHARBONS GRAS DE LA PENSYLVANIE

nombreux et on peut estimer à peu près par les statistiques des chemins de fer et des ports les quantités de charbon qui en sortent. Au Nord et au Nord-Ouest du bassin houiller sont les Grands Lacs. Les ports du lac Érié, échelonnés de Cleveland à Buffalo, ont expédié 8 à 9 millions de tonnes de charbon gras à destination des Etats de l'Ouest et du Canada. Le fret est très bas, car les bateaux qui amènent dans ces ports plus de 20 millions de tonnes de minerai de fer s'en retournent souvent sur lest. On a inauguré, en 1902, un prix uniforme de 1 fr. 75 pour le transport d'une tonne de charbon entre un port quelconque du lac Erié et les ports les plus reculés du lac Supérieur, c'est-à-dire pour une distance de près de 1.500 kilomètres. Ce bas prix, établi à un moment où l'industrie et les chemins de fer canadiens se développent beaucoup, a contribué à augmenter considérablement le tonnage dans cette direction. Ainsi, au canal de Sault-Sainte-Marie, qui réunit les lacs Huron et Supérieur, le tonnage de charbon gras qui avait passé, en 1902, jusqu'au 1" septembre, était de 2.880.000 tonnes, en augmentation de 25 p. 100 sur la période correspondante de 1901 . La Pensylvanie expédie peu de charbon vers l'Ouest, car la route est barrée par le bassin houiller de l'Ohio, qui alimente toutes les régions avoisinantes. La W. Virginia en envoie un peu plus dans cette direction : 2 millions de tonnes sortent du bassin houiller de ce côté. Vers le Sud-Ouest, il y a des expéditions importantes. La région de Pittsburg expédie 4 millions de tonnes par le ileuve Ohio. 2 à 3 millions de tonnes des bassins du Sud de la Virginia vont aussi rejoindre ce fleuve par eau ou par rails. Le tonnage était, en 1901, en diminution sur celui de l'année précédente, par suite de la découverte du pétrole au Texas et de son emploi dans la vallée inférieure du Mississipi comme combustible liquide.

ET DE LA VIRGINIE OCCIDENTALE

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A l'Est, le charbon arrive jusqu'à la côte. On en embarque annuellement 14 à 15 millions de tonnes dans les ports de Philadelphie, Baltimore, Newport-News, Norfolk, etc.. Une partie de ce charbon est consommée par les bateaux de ces ports; une autre partie, très importante, remonte au Nord vers les villes industrielles des États du Nord-Est. New-York en reçoit 6 millions de tonnes, et Boston, 2 millions; on l'emploie dans ces villes surtout pour la production de vapeur, sur les locomotives ou dans les usines. Il est concurrencé là par le charbon canadien de la Nouvelle-Écosse, spécialement employé pour la fabrication du gaz dans les villes de cette région. Le fret de Philadelphie à Boston est normalement de 3 fr. 50 à 4 francs ; mais il peut s'élever beaucoup plus haut. En résumé, près de 30 millions de tonnes sortent du bassin houiller. Comme on y transforme en coke 25 millions de tonnes de houille, dont 21 en Pensylvanie, il doit y avoir 71 millions de tonnes de charbon gras consommées en Pensylvanie, en W. Virginia et dans les régions immédiatement voisines. Il est assez difficile de savoir comment se répartit cette consommation. On indique comme chiffres estimatifs : Chemins de fer. Grandes usines et manufactures Petites installations à vapeur Chauffage et éclairage domestiques

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Quelle que soit exactement la consommation du charbon gras, elle semble augmenter aussi vite que la production. Celle-ci, malgré le chômage forcé par suite du manque de wagons et la réduction de près de 30 p. 100 qu'elle a subie de ce chef, a augmenté beaucoup en 1902. Examinons, par exemple, le tonnage du charbon gras reçu par la Pennsylvania Railroad Co sur ses lignes à l'Est