Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 237]

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LES CHARBONS GRAS DE LA PENSYLVANIE

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ET DE LA VIRGINIE OCCIDENTALE

de Pittsburg. Pour l'année 1901, il était de 19 millions et demi de tonnes, en augmentation de 2,5 p. 100 seulement sur 1900. Or, pour les trois premiers mois de 1902, il y avait une augmentation de 5,8 p. 100 sur la période correspondante de 1901; pour les six premiers mois, l'augmentation montait à 24,2 p. 100, et, au 1 er septembre, elle était de 27,9 p. 100. Malgré l'augmentation énorme de production que ces chiffres indiquent, la demande de charbon gras s 'est maintenue aussi pressante pendant toute l'année 1902. C'est que partout de nouvelles industries se forment. Dans le bassin houiller lui-même, dès que de nouvelles mines sont préparées, on jette les fondations de nouvelles usines qui absorberont une bonne partie de leur production. C'est ainsi qu'aux environs de Morgantown, sur la Monongahela, plusieurs verreries et des laminoirs seront prêts en même temps que des mines nouvelles créées dans cette région, qui en était dépourvue jusqu'ici. Le charbon de ces usines n'ira que peu au marché général. Ce qui prouve bien d'ailleurs l'extension de la consommation de charbon gras, c'est le maintien des prix, malgré leur élévation. Prix du charbon gras. —■ Il y a deux manières de compter les prix du charbon. Dans les grandes villes qui ont un marché, comme Pittsburg, Philadelphie, NewYork, Chicago, on fait un prix d'ensemble sans tenir compte des éléments : prix à la mine, transport, etc. Ce prix, dans les ports, est compté franco à bord et appelé tidewater price. Pour les consommateurs qui se trouvent entre les mines et un de ces marchés, on applique le prix au carreau de la mine, ou line trade priée, auquel on ajoute, sans le mentionner, le prix du transport. Ce prix à la mine était, au début de 1902, de 6 fr. 25 environ ; il assurait donc de très gros bénéfices aux exploi-

tants. Il s'est élevé, dans le courant de l'année, jusqu'à 6 fr. 50 en mars et à 6 fr. 75 au début de mai. La grève de l'anthracite n'était encore ni déclarée, ni même jugée probable. Le prix franco à bord n'était pas moins ferme. Tous les semestres, les commerçants en charbon des ports dressent un cours officiel qui doit fixer en principe les prix minima auxquels les charbons seront vendus en gros. Or, pour le premier semestre de 1902, avant la grève de l'anthracite, on a maintenu les prix fort élevés qui régnaient précédemment et dont voici le tableau : Philadelphie Baltimore

New-York

Norfolk ou Newport-News

l re

catégorie : George's Creek, New Hiver et Pocahontas. 2 e catégorie : Clearfleld, Somerset, Davis, Fairmont

12',R0

12 f ,15

ll f ,75

li',40

14 f ,25

i2 r ,S0

d3',2S

Les grands marchés à long terme échappent naturellement à ces cours et sont conclus à des prix inférieurs. Le marché semblait donc très solide et très avantageux pour les producteurs, avant qu'il fût question de grève de l'anthracite. Quand celle-ci fut déclarée, le 13 mai, les cours du charbon gras montèrent modérément d'abord, le prix à la mine ne dépassant pas 8 francs, puis, brusquement, en septembre, jusqu'à 12 fr. 50, quand l'hiver approchait et que la grève ne semblait pas près de finir. Il nous faut examiner dans quelle mesure cet accroissement de la demande de charbon gras correspondait à l'absence d'anthracite, pour quels usages on a pu substituer le premier au second, et enfin si cette substitution peut survivre aux conditions spéciales de la grève.