Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 99]

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RICHESSES MINÉRALES DES POSSESSIONS RUSSES

EN ASIE CENTRALE

leur tête un général en activité de. service; mais les différents services civils : Justice, Instruction publique, Travaux publics et Chemins de fer, ont pour titulaires des fonctionnaires publics appartenant aux services généraux de l'Empire. En Boukharie, les« Begs » ou Gouverneurs de provinces sont nommés directement par l'Émir et responsables vis-à-vis de lui de la rentrée de l'impôt. Les services publics consistent à peu près uniquement dans l'organisation d'un corps de percepteurs des taxes, qui portent le nom d' « Amlacdars » et qui sont nommés par les Begs. La collection des impôts donne lieu d'ailleurs à des exactions sans nombre, dont le résultatle plus clair est d'annihiler tout esprit d'entreprise et de développement agricole ou commercial chez les Sartes qui habitent la Boukharie. Ces malheureux sont certains d'avance d'être dépouillés par les Amlacdars de tout ce qui n'est pas strictement nécessaire à leur subsistance dans l'intervalle de deux récoltes. A ce point de vue, la différence entre la Boukharie et les provinces russifiées du Turkestan saute aux yeux dès qu'on franchit la frontière, et on a dû prendre des mesures restrictives pour empêcher l'émigration en masse du pays. Cet état de choses n'est évidemment que temporaire ; mais la transformation se produira, suivant les règles immuables adoptées à Saint-Pétersbourg, lorsque les populations intéressées, éclairées par l'exemple et par l'évidence des faits, l'auront provoquée elles-mêmes par leur désir bien naturel de jouir à leur tour d'un état social qui leur assurera la justice et la paisible jouissance des biens acquis. En tout état de cause, le protectorat russe assure dès à présent d'une manière efficace une sécurité parfaite dans toute la Boukharie, et ce, sans qu'il soit nécessaire d'y entretenir d'autres troupes russes que celles qui assurent le service des garde-frontières le long du cours de l'Amou-Daria.

Les limites de la Boukharie sont constituées : au Sud, par l'Amou-Daria, qui prend le nom de Piandje, en amont du continent de la Varche; à l'Est, par une ligne conventionnelle qui sépare les provinces du Darvaz et du Karathégine de celles du Rojane et de Chougane, qui font partie, avec le plateau du Pamir, des territoires rattachés au Turkestan russe. Au Nord, la limite suit la crête des monts Alaï, puis celle des monts Zarafchan, de manière à laisser en dehors tout le cours du fleuve du même nom jusqu'à Katta-Kourgan, à 40 kilomètres en aval de Samarcande. Une portion assez importante de la « Steppe de la Faim » et les déserts de sable des environs de Karakoul dépendent aussi du territoire de la Boukharie. Tchardjouy, ville importante située sur la rive gauche de l'Amou-Daria, à la tête du grand pont métallique au moyen duquel la voie ferrée franchit ce fleuve, appartient aussi à la Boukharie. On peut citer comme autres grandes villes : Kerki, sur la rive gauche de l'Amou-Daria, siège d'une importante industrie de fabrication de tapis, et Karchi, au Sud de Boukhara, principal centre de la culture de la vigne. Plus avant dans l'intérieur, Guissar joue un rôle important dans l'Administration Boukhare, le Beg qui réside dans ce chef-lieu jouissant de prérogatives spéciales au point de vue de la perception des impôts dans les régions environnantes. Aperçu géologique. — En thèse générale, les terrains crétacés et tertiaires occupent toutes les plaines et sont, ordinairement, peu tourmentés, sauf dans le voisinage des massifs montagneux, où ils ont été soumis à des plissements importants. Us forment alors de véritables montagnes, comme la chaîne de Pierre-le-Grand, par exemple, ans la province du Darvaz, dont les cols atteignent en moyenne la cote de 2.800 mètres. Les terrains anciens : granité, gneiss, schistes talqueux