Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 98]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

190

RICHESSES MINÉRALES DES POSSESSIONS RUSSES

Limites politiques. —■ La limite vers le Sud des-territoires russes est fixée, en ce moment, au cours de l'Amou-Daria — l'Oxus des Anciens — dont la rive gauche, jusqu'aux environs de Kerki, est un territoire afghan. De Kerki, la frontière court vers l'Ouest jusqu'à Kouchka, point terminus de la voie ferrée russe. Elle suit alors les derniers contreforts du plateau de l'Iran, limite naturelle avec la Perse, échancrée sur quelques points par les vallées du Mourgab et de l'Atrek, routes naturelles de pénétration. La chaîne du grand Balkan, qui continue à travers la Caspienne le soulèvement du Caucase et qui le rattache ainsi aux plateaux persans de l'Iran, termine au Sud-Est la limite du Turkestan. Ainsi se trouvent déterminées les limites géographiques et naturelles des possessions russes en Asie Centrale. Entourée de toutes parts par de hautes montagnes, largement ouverte au contraire vers le Nord, sur les plaines de la Sibérie, la dépression aralo-caspienne devait fatalement être incorporée à l'Empire russe. La prise de possession de ces régions, appuyée d'abord sur la ligne qui relie le Ferganah à la Caspienne, complétée par la transversale Orenbourg-Tachkent en cours d'exécution, peut être considérée comme complètement achevée à l'heure actuelle. La période de développement commercial, industriel e' agricole est même déjà suffisamment avancée, bien quelle date de quelques années à peine, pour qu'on puisse déjà en dégager les traits essentiels. Divisions en trois régions. — Cet immense pays, comp n? entre les 53° et 83° de longitude Est de Paris et 35° à 50" de latitude Nord, se divise en trois régions bien caractérisées. Celle des steppes et des lacs salés, qui occupent environ les deux tiers do la surface totale, habitée par de» nomades et très faiblement peuplée.

ES ASIE CENTRALE

191

La région des cultures, qui forme une bande plus ou moins large au débouché des cours d'eau dans les plaines, habitée par des races sédentaires, adonnées de temps immémorial à la petite culture et l'irrigation. C'est principalement autour des oasis alimentées par les cours d'eau descendant des glaciers que s'est groupée la population d'environ 6 millions d'âmes, principalement composée de Sartes et de races persanes qui habitent le Ferganah, vallée type de cette nature des terrains. Sur ces loess fertiles ( le coton, culture riche, prend de jour en jour plus d'importance. Enfin, dans les massifs montagneux qui forment la frontière naturelle au Sud et à l'Est, vivent des populations kirghizes, d'origine mongole, adonnées principalement à l'élevage et qui diffèrent considérablement, tant au point de vue des moeurs que du langage, des populations sédentaires de la plaine. Elles sont aussi bien moins nombreuses que ces dernières. Organisation politique. — Au point de vue politique, tous les anciens Khanats ont disparu, sauf celui de Khiva, • s ur les bords de la mer d'Aral, dont la russification est à peu près complète, et enfin la Boukharie, qui a conservé son administration propre sous l'autorité de S- A. l'Émir, constituant ainsi un véritable protectorat . placé sous l'autorité directe de S. H. Exc. le Gouverneur Général du Turkestan, qui réside à Tachkent. Le Gouvernement du Turkestan est, du reste, essentiellement militaire, sous l'autorité directe du Ministre de la Guerre à Saint-Pétersbourg. L'Émir de la Boukharie est lui-même titulaire d'un grade élevé dans la hiérarchie de l'armée russe. H est assisté, à Boukhara, d'un Résident qui P°rte le titre d'Agent Politique russe. Le Gouvernement général du Turkestan est divisé en un certain nombre de commandements ayant chacun à