Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 280]

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RECHERCHES S0R LES ACIERS AU NICKEL

du fer, mais les aciers au manganèse se sont montrés jusqu'ici très irréguliers, et les aciers mixtes au nickel et au manganèse n'ont pas encore été l'objet d'essais suivis. Nous considérons les aciers au nickel de 10 à 15 p. 100 comme particulièrement recommandables, vu leurs hautes limites d'élasticité, 100 kdogrammes par millimètre carré environ, combinées avec des résistances au choc de 15 à 20 kilogrammètres sur barrettes entaillées, ensemble de qualités qui leur assure une grande supériorité sur les aciers de carbone de mêmes duretés. Ces conditions étant réalisées sans trempe sont obtenues uniformément dans toute la niasse des pièces, avantage parfois très précieux. Aciers du deuxième groupe. ■— Ce sont des aciers franchement durs, les plus durs parmi ceux qui font l'objet de ces recherches ; leur dureté n'est cependant pas comparable h celle des aciers carburés les plus durs trempés; il ne peut pas, semble-t-il, être question de remplacer les aciers au carbone par des aciers au nickel ou au manganèse pour la fabrication des outils, tels que les burins. Les aciers au nickel proprement dits de ce groupe, 15 à 21 p. 100 de nickel, ont, sur les aciers moyennement carburés, l'avantage d'une limite d'élasticité très élevée, très voisine de la résistance à la rupture, avec une résistance au choc notablement plus grande. Ils ont malheureusement un prix de revient beaucoup plus élevé. Il est permis cependant de prévoir, pour eux aussi, des applications intéressantes dans des cas particuliers. On remarquera qu'il parait peu utile de dépasser 15 p. 100 de nickel, si on ne recherche que le relèvement de la limite d'élasticité, ce qui est à noter au point de vue du prix de revient. Les résultats des essais à la traction avant et après recuit à 400° ou à 900", que nous avons déjà donnés (tableaux II, III, IV, V), peuvent être considérés comme

A HAUTES TENEURS

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définissant ces aciers pour l'essai à la traction. De même pour les résultats de pliage (tableaux V et VI), qui sont excellents. Les résultats des essais de choc sur barrettes entaillées (tableau VII) sont bons, relativement à ce qu'on obtient avec les apiers au carbone de duretés semblables. Ces aciers s'usinent à froid dans des conditions satisfaisantes, eu égard à leur haute limite d'élasticité. Ils sont peu oxydables et prennent un très beau poli. Nous ajouterons que leur haute limite d'élasticité les rend très difficilement étirables à froid à la filière ; ils ne conviennent donc pas pour la fabrication des fils. Nous estimons que cette catégorie d'aciers n'a pas encore été soumise à une étude assez approfondie au point de vue des applications; ses propriétés très remarquables à l'état statique permettront sans doute de lui en découvrir d'importantes, quoiqu'il y ait lieu de l'écarter lorsqu'une grande résistance au choc est nécessaire. Ces aciers, qui permettent d'obtenir des limites d'élasticité de plus de 100 kilogrammes par millimètre carré avec relativement peu de fragilité, et qui s'usinent à froid dans des conditions satisfaisantes, nous paraissent convenir, malgré leur prix de revient élevé, dû à leur forte teneur en nickel, pour la fabrication d'éléments de machines et autres pièces qui subissent de grands efforts sans recevoir des chocs très violents, et qui no doivent jamais subir la moindre déformation permanente. Une petite proportion de chrome (1 p. 100 environ), mais avec très peu de carbone, parait avoir une influence favorable ; cependant il y a lieu de veiller à ne pas produire de schistosité. Il est permis d'espérer qu'on parviendra à préparer des aciers au manganèse possédant des propriétés voisines de celles des aciers au nickel de ce groupe, et pouvant être obtenus à prix de revient beaucoup moindre ; mais ce résultat n'a pas encore été atteint régulièrement. Nous