Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 279]

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RECHERCHES SUR LES ACIERS AU NICKEL

manganèse augmente. La trempe paraît sans effet bien positif ; elle est donc inutile, et même nuisible, vu la nature brutale de son action. Les aciers au nickel proprement dits, c'est-à-dire peu carburés et peu manganèses, sont, semble-t-il actuellement, les aciers de ce groupe les plus intéressants. Ils sont relativement doux jusqu'à 10 p. 100 de nickel, tout en ayant sur l'acier extra-doux sans nickel, dont ils diffèrent peu comme aspect, l'avantage d'une limite d'élasticité plus élevée, très voisine de la résistance à la rupture, et d'une résistance à la rupture considérable jointe à un bel allongement à la rupture. Le nickel modifie les propriétés mécaniques de l'acier à peu près comme le carbone, mais en l'éloignant beaucoup moins du type acier doux ; il relève considérablement la limite d'élasticité sans augmenter beaucoup la fragilité, ce qui est dû sans doute à sa texture fibreuse. Il donne aussi à l'acier une certaine inoxydabilité et la faculté de prendre un beau poli. Le relèvement de la limite d'élasticité est obtenu sans l'intervention de la trempe, ce qui assure une dureté égale à l'intérieur et à l'extérieur des pièces. Il convient d'ajouter que la dureté minéralogique des aciers au nickel est notablement moindre que celle des aciers au carbone qui ont même limite d'élasticité. Les résultàts d'essais à la traction, déjà donnés tableaux II, III, IV et V, peuvent être considérés comme définissant ces aciers au point de vue de l'essai à la traction : les résultats des essais de pliage et de choc montrent qu'ils peuvent remplacer avec avantage, dans bien des cas, les aciers carburés ayant même résistance à la rupture, vu leur supériorité au point de vue de la fragilité. Ces avantages nous paraissent de nature à faire accepter, dans des cas qui deviendront de plus en plus nombreux, le prix de revient relativement élevé des aciers au nickel; il est à craindre cependant qu'ils laissent les

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A HAUTES TENEURS

consommateurs hésitants encore longtemps, car chaque unité de nickel p. 100 augmente le prix de revient de l'acier d'environ 4 francs par 100 kilogrammes par rapport au prix de l'acier extra-doux de première qualité. Les applications des aciers au nickel proprement dits de cette catégorie sont jusqu'à présent très peu nombreuses; on emploie plutôt, pour réaliser les mêmes duretés, les aciers au nickel à très faibles teneurs, avec additions de carbone et de chrome, trempés. C'est à tort dans les cas où le prix de revient n'est pas un obstacle, car le carbone apporte de la fragilité ; il est vrai qu'il apporte aussi de la dureté minéralogique. Nous ne pouvons guère signaler comme application réalisée des aciers au nickel proprement dits de cette catégorie que des tubes en acier à 12 p. 100 de nickel, demandés par l'Artillerie, qui ont été façonnés par les usines de Montbard. Ces aciers s'étirent difficilement à froid, surtout aux teneurs supérieures à 10p. 100 de nickel; par contre, ils se travaillent bien à chaud. Il convient de n'ajouter qu'avec prudence, aux aciers qui ont ces teneurs en nickel relativement élevées ? de fortes proportions de carbone et de chrome ; ces additions paraissent être la cause de la schistosité extrêmement prononcée des premiers aciers à 12 p. 100 de nickel préparés par Imphy, qui étaient très remarquables au point de vue de leurs qualités on long, notamment après recuit à 400°, mais n'avaient aucune ténacité en travers à cause de cet état fibreux beaucoup trop accentué. On peut probablement tenter de substituer du manganèse à tout ou partie du nickel ; c'est intéressant au point de vue du prix de revient; il conviendra sans doute, dans ce cas, d'éliminer le plus possible le carbone, qui durcit beaucoup l'acier, surtout en présence du manganèse. Le manganèse agit comme le nickel sur l'état allotropique Tome 1, 1982.

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