Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 76]

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NOTE SUR LE MINERAI DE FER CARBONATE

couche de fer carbonate, là où la carte géologique et le» explorateurs précédents n'avaient signalé qu'une très médiocre hématite, a changé complètement la valeur du gisement ; car, là où l'on ne croyait exister que du minerai oxydé d'une teneur en fer peu supérieure à. 40 p. 100 et souvent très siliceux, ne pouvant, par conséquent, être mis en comparaison avec le minerai de Saint-Remy, ni supporter, comme lui, les frais de transport jusqu'aux usines du Nord de la France et encore moins être exporté, à cause de sa plus grande distance de la mer, il y a du minerai carbonaté qui, par un simple grillage, peut, d'une teneur de 40 p. 100 de fer environ, être amené à la teneur de 54 p. 100 et constituer une hématite anhydre artificielle, en tout point comparable à. l'hématite rouge de Saint-Remy, et propre, comme celle-ci, à être avantageusement employée dans les hauts-fourneaux du Nord de la France en mélange avec les minettes lorraines. Aussi, la mise en évidence de ce fait a déjà suscité, à la Société de Denain, de nombreux émules ou continuateurs, et l'on peut espérer que l'exploitation des mines de fer va prendre, en Normandie, un. nouvel et considérable essor. 11 ne faut pas toutefois, croyons-nous, imaginer, comme nous, l'avons déjà entendu dire, qu'il y ait chance de trouver en Normandie quoique ce soit de comparable au merveilleux bassin minier de Lorraine. La formation silurienne normande parait ne se composer, d'après les travaux faits jusqu'ici, que d'une seule et unique couche, dont la puissance utile n'est guère, en moyenne, que de 2 mètres à 2 m ,50, quoique, en certains points particuliers, près de forts plissements, l'épaisseur soit un peu plus grande; cette couche est, d'autre part, brisée, rejetée, redressée, dépecée en mille fragments, souvent de peu d'étendue, par un nombre incalculable de bouleversements géologiques; sur de larges espaces, ces boulever-

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sements l'ont fait disparaître ainsi que les terrains qui l'encaissent ordinairement ; dans d'autres régions, son épaisseur se réduit tellement qu'elle ne vaut plus la peine d'être exploitée; d'autres fois, comme à Jurques, elle devient, par endroits, tellement siliceuse qu'elle en perd toute valeur sur les trois quarts au moins de la longueur de la concession. < Il n'y a donc là malheureusement rien de comparable avec l'immense étendue des couches presque horizontales des minettes lorraines, dont les épaisseurs superposées atteignent parfois jusqu'à7 ou8 mètres dansleur ensemble, ce qui permet l'installation d'un très grand nombre de puissantes exploitations. Le morcellement naturel et le peu d'épaisseur du minerai normand limiteront forcément d'assez étroite façon le nombre des exploitations pouvant vivre et prospérer en même temps que la puissance de production annuelle de chacune d'elles. Ces désavantages n'ont pour compensation que la plus grande richesse du minerai, et nous avons vu que cette richesse est assez variable dans les diverses régions du bassin normand. Pour toute la partie de ce bassin qui n'a pas eu la bonne chance d'être transformée, par les actions géologiques anciennes, en belle hématite rouge, comme à Saint-Remy, l'élément essentiel de la mise en valeur réside dans la facilité avec laquelle cette transformation peut être effectuée artificiellement par un simple grillage ou calcination; c'est donc rester dans le sujet traité par la présente note que de la terminer par quelques renseignements succincts sur les conditions dans lesquelles peut s'effectuer cette opération, d'ailleurs peu compliquée, dont nous avons eu l'occasion d'étudier et de suivre la mise en pratique sur des tonnages très importants de fer carbonaté de Bilbao. Quelque simple que paraisse au premier abord cette