Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 75]

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NOTE SUR LE MINERAI DE FER CARBONATE

extractions de minerai, et qui s'était bénévolement offert aux explorateurs pour les renseigner, insistait pour leur faire chercher le minerai dans ces fouilles d'écoulement d'eau, En outre, TU les années écoulées depuis l'abandon des travaux, le terrain argileux superficiel paraissait avoir été seul attaqué par les anciens ; les fragments de minerai extraits, restés dans les fouilles, comme le minerai encore visible aux parois de celles-ci, semblaient être de l'hématite et en étaient réellement le plus souvent. Le géologue qui, dans la première moitié du siècle, prit les échantillons pour la collection de l'École des Mines est donc tout à fait excusable d'avoir rapporté la limonite à la même formation que l'argile surmontant les schistes à Calymènes et d'avoir rapporté le à tout un même dépôt tertiaire, analogue à ceux qui se trouvent si fréquemment disséminés en d'autres points des régions bretonnes et normandes. — Et, en fait, il se pourrait bien que le maximum d'action des agents atmosphériques, qui transformèrent sur place le carbonate en limonite, près des affleurements, ait été contemporain des érosions qui formèrent la petite couche d'argile aux dépens des schistes. — Mais cette observation n'empêche pas de conclure que . les auteurs de la carte géologique, en négligeant ce petit dépôt argileux, ont eu, au fond, raison ; car ils ont bien, par cette prétérition, montré la liaison du minerai avec le terrain silurien, ce qui est, en somme, le point important. ■ .. m Pour compléter tout à fait les renseignements géologiques sur cette partie de la formation normande de minerai silurièn, nous devons ajouter que le minerai de fer ne repose pas toujours directement sur le grès armoricain ; il en est souvent séparé par une ou plusieurs couches de schistes d'épaisseurs très variables, suivant les endroits. Dans le voisinage de La Ferrière, qui fait plus

DE NORMANDIE

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particulièrement le sujet de cette note, ces schistes, inférieurs au minerai ont, en certains points, plusieurs mètres d'épaisseur, mais en d'autres ils sont réduits à quelques centimètres, ou même manquent complètement; parfois aussi ils sont remplacées par de l'argile. Quant à la méconnaissance de la nature carbonatée du minerai par les explorateurs antérieurs, elle s'explique assez facilement par l'aspect du minerai nullement cristallin, et par le fait que, faute d'avoir pénétré assez profondément dans le gîte, on n'avait disposé que de minerais partiellement transformés en hématite, dont l'aspect et la coloration masquaient ce qui restait à l'état de carbonate. L'attention de ces explorateurs n'étant pas éveillée, ils n'avaient sans doute pas eu l'idée de faire des analyses complètes et, s'en étant tenus à dès dosages, avaient été découragés par la teneur en fer trouvée, voisine de 40 p. 100 seulement, et qui, s'il se fût agi de véritables hématites, était, en effet, insuffisante pour motiver une exploitation dans les conditions que présentait le gîte. Ces détails, peut-être un peu menus sur l'étude d'une région d'étendue très restreinte, nous semblent néanmoins présenter quelque intérêt à un point de vue géologique général; car, en donnant pour origine au minerai silurien normand un dépôt carbonaté, ils permettent de rapprocher cette formation des carbonates de fer cristallins, mais également siluriens de Styrie, et, plus encore, des nombreuses couches de carbonate de fer amorphe, qui ont été récemment étudiées par M. Paul Benoist, dans la province de Léon, en Espagne, et qui sont int er stratifiées dans une épaisse formation de schistes siluriens ressemblant, à s'y méprendre, aux schistes à calymènes normands. Au point de vue pratique, qui rentre davantage dans nos préoccupations habituelles, la reconnaissance d'une