Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 77]

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NOTE SUR LE MINERAI DE FER CARBONATE

calcination, elle n'est pas sans offrir, parfois, des difficultés assez grandes et pouvant même conduire ii un insuccès complet. Il arrive en effet souvent que le carbonate de fer ait une déplorable tendance à se mettre en menus morceaux, en poussière môme, tant à l'abatage que dans les manutentions successives qu'exige le chargement dans les wagonnets de roulage, la mise et la reprise au dépôt, le chargement dans les fours: il arrive, en outre, que le minerai qui a résisté à ces manutentions éclate dès qu'il sent la chaleur du four et que, dans le four même, il se réduise en poussière. Lorsque le minerai présente ces défauts de texture physique, quelles que soient sa richesse et sa pureté, il est presque inutile de chercher à en tirer parti. Pour arriver à griller ces poussières de carbonate, qui sont rebelles au traitement dans les simples fours à cuve qu'elles obstruent complètement, bien des dispositifs fort ingénieux et compliqués ont été imaginés; mais, à notre connaissance, aucun n'a donné de résultat véritable.-: ment économique et pratique, et toutes les tentatives sej sont terminées par des insuccès et l'abandon du minerai, lorsque la proportion des menus dans le minerai crû ou des poussières se formant dans le four était trop forte. .. Ce défaut est surtout à craindre lorsqu'on a affaire à des minerais cristallins et très purs; car, d'une part, l'état cristallin prédispose à l'endettement par la facile séparation des petits cristaux juxtaposés et, d'autre part, pour former un ciment reliant les cristaux et donnant de la cohésion à la masse, quelques impuretés ou gangues ne sont pas inutiles. Cela s'observe très bien dans les carbonates des environs de Bilbao ; ils sont de deux variétés, l'une très blanche, presque chimiquement pure, à cristaux relativement un peu grands, l'autre grise, formée de cristaux plus petits et serrés, un peu moins riche et moins pure, à

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cause de la présence d'un peu de gangue légèrement siliceuse. La variété blanche donne beaucoup, plus de menu à l 'abatage et éclate facilement dans le four, de 6orte que son traitement est assez délicat ; la variété grise, au contraire, est solide et reste en beaux morceaux, même après passage au four. Aussi se tire-t-on d'affaire en passant les deux sortes de minerais en mélange, ce qui donne aux fours une allure assez facile à conduire, tant que la proportion du carbonaté blanc ne dépasse pas le tiers ou la moitié du total. Si la proportion de blanc vient à augmenter, et cela arrive parfois, la marche des fours s'en ressent aussitôt. La première chose à faire, lorsqu'on se trouve en présence de fer carbonaté, est donc de vérifier sa résistance à l'endettement, tant dans les manutentions d'abatage et «de transbordement que sous l'action de la chaleur, et de ne se lancer dans une exploitation en grand qu'après la bonne réussite de cette vérification. - Le carbonaté normand, tant celui de La Ferrière-auxEtangs que celui de Jurques, a très bien supporté cette épreuve dans les opérations d'essai qu'on lui a fait subir à l'usine de Denain.

C'était du reste à prévoir, étant donné sa structure amorphe et la présence', même dans les bonnes parties, d'une petite quantité de gangue siliceuse, laquelle n'est pas toujours, comme l'on voit, • un mal, bien au contraire, pourvu que la proportion n'en soit pas trop forte. Cette épreuve faite, et étant donné que l'on se trouve en présence de minerai en morceaux assez gros et solides, il n 'y a plus qu'à les passer dans des fours à cuves les plus simples du monde, avec une quantité infinie de combustible, et c'est là un point curieux de cette opération si peu compliquée. En effet, à l' encontre de ce que nous avions trouvé dans tous les ouvrages traitant de la calcination du fer