Annales des Mines (1899, série 9, volume 16) [Image 58]

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LES MOUVEMENTS DES EAUX SOUTERRAINES

' A Teplitz, la source principale est la Urquelle, dont le niveau était, avant la catastrophe, de 203°1,15, avec un débit de 0'13,52 par minute, à 49°; la Riesenquelle avait un débit de 1°13,8 à 2°13,4, par minute, à une température Variable entre 15° et 31°. Les irruptions d'eau dans les mines se sont faites : en 1879, à la cote 156 ; en 1887 et 1892, à la cote 145; en 1897, à la cote 159. Les sources de Teplitz sortent directement de fissures du porphyre ; à la Riesenquelle, l'eau imprègne, au-dessus du porphyre, le conglomérat cénomanien, où elle a déposé

de la silice et de la barytine(*) et s'élève par des diaclases élargies du calcaire de Phiner. A Schünau, il y a nappe d'eau thermale dans les conglomérats de la base des terrains sédimentaires.

La première catastrophe, qui jeta le trouble dans les sources de Teplitz, connues et utilisées depuis l'antiquité,

eut lieu le 10 février 1879; .elle fut produite par une brusque irruption d'eau dans les travaux du Düllingerschacht.

Ce jour-là, vers une heure de l'après-midi, une galerie de mines, située à la cote 156, fut brusquement inondée

par un jet d'eau, gros comme le bras, dont la vitesse, d'après les calculs, devait être de 10 à 15 mètres par seconde. En moins de dix minutes, trois niveaux d'exploitation, sur près de 60 mètres de haut, furent envahis par

20.000 mètres cubes d'eau, et vingt et un ouvriers périrent. L'eau gagna successivement les mines voisines. Au début, elle était froide et blanche comme du lait ; il est très probable qu'on avait crevé quelque grande poche d'eau

superficielle, accumulée dans les niveaux crétacés per-

méables. Mais, peu à peu, sa température s'éleva et finit par atteindre 20° à 22° : c'est-à-dire que, les eaux

DANS LA RÉGION DE TEPLITZ ET DE BIGX

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froides n'opposant plus leur charge à celle. de l'eau thermale, celle-ci était attirée vers les travaux de mines depuis la Riesenquelle et même depuis Teplitz. En même temps, l'eau s'élevait dans le puits de mine et recréait ainsi, peu à peu, la contre-charge nécessaire pour ramener l'eau thermale dans ses fissures primitives. On en eut la preute en voyant, à partir du 13 février, la température des eaux d'inondation s'abaisser peu à peu; il était évident que l'eau

chaude cessait d'y affluer et qu'un régime d'équilibre nouveau tendait à s'établir. En définitive, le niveau de l'eau atteignit lentement son niveau Maximum', dans le puits Didlinger, à la cote 202,36 : ce qui .supposait, au point d'irruption à 156 mètres, une charge primitive de 46 mètres. Le contre-coup de ce mouvement des eaux se fit sentir à Teplitz avec un retard sensible, attribuable à la longueur des conduites de communications souterraines et à l'étendue des réservoirs profonds, qui durent se vider avant de donneraccès à l'eau des sources thermales, attirée vers cette nouvelle issue.. C'est seulement le matin du .13 fé-

vrier, trois jours après l'accident, que la Urquelle commença à baisser ; à Six heures du soir, elle tarit à la surface, puis disparut peu à peu en profondeur. En même temps, sa température fléchit; la moindre charge de la .source thermale permettant un- afflux des eaux froides superficielles. Les antres sources suivirent, et même un très grand nombre de puits d'eau douce de Teplitz (qui reçoivent, d'ailleurs, généralement, en temps normal, un certain afflux d'eau chaude) furent également mis à sec par suite de la modification profonde survenue .dans le .

régime hydrostatique de la. région. A Schünau, plus éloigné, les sources ne tarirent pas, mais baissèrent sensiblement.

Le malheur était double, puisque l'on perdait ainsi, à (*) Ces dépôts de barytine récents, assez fréquents dans la région de Teplitz, peuvent être rapprochés de ceux de la Matou.

la fois, les mines et les' eaux thermales. En présence d'une