Annales des Mines (1899, série 9, volume 16) [Image 59]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

110

,

II-

LES MOUVEMENTS DES EAUX SOUTERRAINES

-DANS LA RÉGION DE TEPLITZ ET DE BEITX

situation aussi critique, on appela immédiatement au

qui s'était produite et; en même temps, à profiter de 1.'abaissement correspondant de la source thermale pour aller assu-

secours les hommes les plus compétents, MM. H. Wolf, G.-C. Laube, von Ratier et Ed. Suess (*), pour aviser au Moyen de la conjurer. Ceux-ci se rendirent bientôt compte .qu'un equilibre de vases coMmuniquants avait dû s'établir entre les sources thermale et l'eau montée dans les puits de mine- : ce qui-, par l'observation du niveau atteint dans la mine en ce moment (à peu près 186), indiquait immédiatement à quelle profondeur maxima (une vingtaine de mètres) il fallait rechercher les premières. Dès le 22 février, on se mit 'à approfondir le captage sur la fissure thermale et, -le 3 mars, on retrouva la Urquelle, avec sa tempéra-Ume primitive, à environ 6'50 au-dessus du niveau dé l'eau dans la mine Dôllinger (192m,70 au-dessus de la mer). En même temps, comme la saison thermale arrivait

et qu'il s'agissait, avant tout, de ne pas l'aborder avec des sources à sec, on défendit aux mines de faire aucun épuisement pendant l'été ; un équilibre approximatif s'établit ainsi, la perte d'eau chaude vers la mine devenant de plus en plus faible à mesure que la charge d'eau froide Montait dans celle-ci, et l'élévation de ce niveau dans la

mine amenant, par contre-coup, un certain relèvement corrélatif dans la source. L'automne venu., il fallut pourtant songer à sortir de cet état provisoire et sauver les mines inondées. On se décida alors à épuiser la mine pour aller aveugler la voie d'eau (") Le professeur Ed. Suess nous écrit à ce propos :« J'ai été envoyé Teplitz comme commissaire du Gouvernement lors de la première catastrophe. Imaginez-vous une ville florissante, riche de ses thermes, ei les perd tout à coup par des travaux faits à plus de 7 kilomètres de

distance, le désespoir des habitants et surtout des hôteliers, le vue sur la caisse d'épargne, la révocation précipitée des hypothèques Sur les maisons, l'arrivée de grandes sommes pour sauver le crédit local, le deuil dans les rues où tout perd la raison, le vieux valet de mon hôtel entrant chez moi de grand matin et s'agenouillant devant moi pour me conjurer de sauver sa ville natale, etc., etc. Ce sont des souvenirs inoubliables. »

'11

rer le captage de celle-ci à 60 mètres de profondeur. OR -devait donc créer ainsi, à la fois; une résistance à l'afflux de

Peat] du côté de la mine et un dégagement, une colonne de moindre pression, du côté de la source. Ce travail difficile, qu'on fut forcé d'interrompre fréquemment pour diverses circonstances., dura plus de deux ans, la quantité d'eau à enlever par les pompes ayant été tout naturellement en croissant très vite, à mesure qu'on s'approfondissait.

Les. travauxde captage, puits et travers-bancs, exécutés alors sur la Urquelle, ont permis de bien reconnaitre l'allure

, de la fissure thermale, qui forme une surface gauche, inclinée 'dans son ensemble du Nord au Sud (*). En captant les sources voisines, la Frauenquelle et l'Aiigenquelle, on

a constaté également qu'elles sont en connexion directe avec la Urquelle, le niveau restant identique dans les trois puits : ce qui prouve leur communauté d'origine, bien que les .deux dernières soient sensiblement refroidies par un mélange d'eaux superficielles. Enfin, on a pu voir que l'eau ascendante avait, au-dessus du porphyre, élargi des diaclases du calcaire, en -même temps qu'elle laissait des dépôts de silice et de barytine. A Schônau, des travaux analogues montrèrent que les eaux s'interstratifient dans un banc de conglomérat entre lé porphyre et le calcaire superposés, où elles se mélangent aveè des eaux douces. .

Dans la mine, quand on, arriva enfin à la brèche, par laquelle les eaux avaient fait irruption, on s'aperçut qu'elle était en plein charbon :et ne correspondait 'pas, comme

.on aurait pu le .croire a priori; à une grande fracture (") Voir les mémoires de Stur, '1888; de liôfer, 1893 (p. 15) ; et nos . Sources Thermominérales (fig. 108, p. 539).