Annales des Mines (1899, série 9, volume 16) [Image 18]

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LES MINES De DAtleioN- DANS L'ANTIQUITE

LES MINES DU LAURION DANS L'ANTIQUITÉ

d'une petite coupelle en terre au Laurion et celle de

être à peu 'près celui des blancs vis-à-vis des Cafres et des Zoulous dans une mine du Transvaal. Des contremaîtres

plaques de litharge confirment l'opinion, presque évidente a priori, que l'argent du Laurion était extrait par ce procédé. Cette coupellation était fort bien faite, comme le montre l'analyse des litharges et celle des saumons de plomb antique, qui contiennent à peine 15 à 20 grammes d'argent aux 100 kilogrammes. On s'est demandé, pour expliquer deux textes de Strabon et de Pline; si les Athéniens n'auraient pas employé des fours à deux étages,. le supérieur servant à la fusion,. le second à 'la coupellation. Jusqu'à confirmation ultérieure résultant de quelque découverte archéologique, l'idée d'une telle complication d'appareils nous semble assez peu vraisemblable.

Toujours est-il que l'argent devait être ensuite raffiné avec une grande habileté ; car la moyenne des pièces athéniennes de 'la bonne époque renferme 980 millièmes. de fin.

Les litharges étaient revivifiées, et l'on vendait le plomb (plumbum nigrum, molybdos), qui avait une série d'emplois pour les tuyaux, les scellements, la fabrication de divers objets, etc. En outre, on raclait les cheminées pour obtenir diverses substances, connues sous le nom de cadmie, spodos, molybdène, qui étaient peut-être de l'oxyde de -zinc, de l'oxyde d'antimoine, des carbonates et sulfates de plomb, et qu'on utilisait surtout comme produits médicinaux. IV.

Organisation du travail, main-d'oeuvre et résultats commerciaux.

Les travaux de mine .et de métallurgie au Laurion étaient, en principe, abandonnés à des esclaves, les hommes libres se bornant à les diriger. ou à exécuter certaines opérations plus délicates ; le rôle de ces derniers devait

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ou épistates esclaves servaient d'intermédiaires entre le patron et l'ouvrier. Un bon épistate pouvait s'acheter jusqu'à 6.000 fraticS,

La durée de combustion des lampes paraît montrer que les postes étaient de dix 'heures, et ces postes se succédaient sans interruption jour et nuit, toujours en raison de la valeur qu'avait le temps pour l'entrepreneur athénien. Le travail du mineur paraissait_ exceptionnellement dur aux écrivains anciens, comme il le semble encore, en général, aux publicistes modernes. Il est certain qu'avec des galeries si exiguës et une ventilation insuffisante ne devait rien offrir de bien attrayant. Toutefois l'esclavage, contrairement à l'idée préconçue que l'on peut s'en. faire tout d'abord, devait entraîner une certaine douceur

relative dans le traitement des ouvriers, la mort ou la 'maladie d'un esclave représentant pour son maître une perte sèche en argent, qui n'existe pas toujours avec des hommes libres (*).

L'examen des travaux du Laurion montre que les ouvriers étaient fort nombreux. Cinq mineurs devaient, en moyenne, fournir du travail à vingt porteurs ; avec les

trieurs, l'épistate et les gardiens, on arrive, pour une petite exploitation moyenne, à une trentaine d'ouvriers et, dans les époques d'activité, il y eut certainement plus de cent exploitations semblables. De-. même; on peut estimer à 30 hommes le personnel .d'une laverie et,. dans, une seule vallée, le val Botzaris, ,on en compte 28 de cette importance, soit 840 ouvriers.

West difficile de préciser davantage ; tout coneorde néanmoins à prouver' qu'à l'époque de Périclès la population du Laurion dépassait 20.000 âmes. (") Au iv° siècle, le prix moyen d'un esclave de mine était de 160 francs.