Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 202]

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE.

L'usine de Firminy, créée en 1854, entre tout de suite dans une période de très grande prospérité. Le fondateur, Verdié, est en même temps, à l'origine, le directeur ; la raison sociale est Verdié et C"; la Société a surtout pour objet l'exploitation d'un brevet pour la fabrication duproduit mixte, formé d'acier fondu au creuset coulé sur fer. Déjà, en 1855, on comprend que les rails en fer puddlé ne présenteront qu'une durée limitée : le »létal mixte de Firminy doit permettre de fabriquer des rails à tête formée (l'acier fondu. C'est là le résultat qu'envisage V erdié, et

les conséquences de cette application de l'acier fondu auraient été très importantes, si la fabrication de l'acier par le procédé Bessemer n'était pas venue ultérieurement

vulgariser l'emploi de l'acier fondu en grandes masses. Les plaques Cammel-Wilson et John Brown-Ellis, qui obtinrent plus tard un réel succes dans des épreuves de tir vers 1878, ne sont d'ailleurs autre chose que le métal mixte de Verdié. Dès l'origine, l'usine de Firminy multiplie ses fabrications; elle produit des aciers pour outils, des fers fins de première qualité obtenus par puddlage ; la fabrication des ressorts pour chemin de fer devient rapidement importante.

Verdié se préoccupe tout d'abord de donner pour base à l'industrie qu'il vient de créer des matières premières d( qualité supérieure. Il suit en cela l'exemple de ses voisins d'Unieux, dont la réputation pour les aciers fondus, les

aciers cémentés et les aciers puddlés va chaque jour grandissant. Installée en 1840 à Unieux, par Jacob Hollzer, la fabri-

cation de l'acier fondu s'y développe rapidement. Oh ne traite que des fontes de Ria (Hautes-Pyrénées), des fontes de Suède de première marque, des fers de Suède affinés au bas foyer, dont l'excellente qualité permet d'obtenir des aciers puddlés et des aciers fondus qui rivalisent avantageusement avec les meilleures marques de Sheffield.

DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

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En 1857, avec le concours des établissements de Bochum,

oh cette industrie a pris naissance, les usines d'Unieux introduisent la fabrication des cloches en acier moulé ; elles

sont ainsi les premières dans la Loire et probablement même en France à faire des objets en acier moulé. C'est encore de la période antérieure à 1860 que datent les établissements Claudinon au Chambon. En 1852, MM. Claudinon et Charrin achètent les fonderies de la Bargette et des Platanes, sur l'Ondaine, et y installent la fabrication des fers marchands et des essieux de charrettes. En 1856, l'usine comprend quatre fours à puddler; en 1860, on installe la fabrication de l'acier, acier puddlé,

acier cémenté, acier fondu. La Société, dont la raison sociale est alors Compagnie des Forges et Aciéries du Chambon-Feugerolles, achète ses fontes pour fers aux hauts-fourneaux du Pouzin et de Givors ; ses fontes pour acier proviennent surtout des hauts-fourneaux de Givors, dont le propriétaire, M. Prénat, a un fort intérêt dans la

nouvelle Société. Bientôt on aborde la fabrication des enclumes, des bigornes, des étaux. Formation des grandes Sociétés métallurgiques. - Tous

les industriels de la Loire se préoccupent à ce moment d'assurer leur approvisionnement en matières premières d'excellente qualité. Pétin et Gaudet tirent une grande partie de leurs fontes des hauts-fourneaux qu'ils possèdent Toga, en Corse ; ils achètent également à Vierzon une

usine, d'où ils font venir les fers au bois qui leur sont nécessaires. Les capitaux ainsi immobilisés sont considérables, et cependant l'augmentation constante de la puissance de l'outillage exige chaque jour de nouvelles Pétin et Gaudet sont à la tête de l'industrie métallurgique de la région ; à côté de leurs usines, ils voient prospérer des forges et des aciéries qui donneraient