Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 201]

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE

DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

est livrée terminée avec frettage en acier puddlé : on la désigne dans l'artillerie sous le nom de Marie-Jeanne. Un peu plus tard, en 1865, les usines de Saint-Chamond

On assiste successivement à la création des ateliers des frères Deflassieux (1849), à l'installation des marteauxpilons de MM. Russ-ery et Lacombe, au développement 'presque instantané des établissements des frères Marrel.

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fabriquent un canon de 24 centimètres, du poids de 18 tonnes, également en acier et fretté. C'est le premier canon de gros calibre, avec, tous ses éléments en acier,

exécuté en France ; installé au mont Valérien, il constitua, en 1870, une des défenses les plus efficaces pendant le siège de Paris.

Dans un pays tel que la vallée du Gier, oit de nombreux forgerons se livrent au travail du fer avec des martinets ou dans des forges. à main, le marteau-pilon doit recevoir immédiatement les applications les plus diverses. A peine Pétin et Gaudet ont-ils commencé à l'utiliser pour le forgeage des grosses pièces qu'on entrevoit tout le parti qu'on peut tirer d'un appareil dont on règle les coups d'une manière certaine et parfaite. Les plus habiles manie-1ms de .martinet du Gier Les forgerons à Rive-de-Gier.

comprennent qu'avec le nouvel outil, des forgerons

même médiocres arriveront à les distancer rapidement ; ils s'empressent de prendre l'avance, et, au bout de peu de temps, les pièces forgées les plus variées et jusqu'alors inconnues sortent de leurs ateliers, oh ils utilisent le marteau-pilon à l'étampage, à l'emboutissage, au matriçage. Les divers ateliers ont des débuts bien modestes ; leurs créateurs font eux-mêmes à peu près tout l'outillage-nécessaire. Mais le soin apporté dans les fabrications attire de nombreuses commandes ; il faut agrandir les anciens ateliers, en créer de nouveaux ; les outils se multiplient, ils deviennent de .plus en phis puissants ; ce sont d'abord des marteaux-pilons de 2 tonnes, bientôt leur poids dépasse 25 tonnes (1855), et l'on prévoitencore de plus grosses .

masses frappantes.

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Associés à M. Arbel, les frères Deflassieux créent la fabri-

cation de la roue en fer forgé obtenue d'une seule pièce par matriçage ; l'usage des roues de vagon en fer forgé se répand rapidement, et l'on fabrique alors la roue de tender, puis la roue de locomotive avec contrepoids. Ces pièces de forge, dont la fabrication difficile est ainsi abordée pour la première fois, présentent cependant une sécurité telle, .que les Compagnies de Chemins de fer les adoptent sans hésitation. C'est à Rive-de-Gier même que s'installent, en 1853, les six frères Marrel, qui abandonnent leur ancien atelier de Saint-Martin-la-Plaine, relié au chemin de fer de Lyon par des chemins peu accessibles, pour descendre dans la vallée du Gier, oh ils peuvent plus facilement aborder le forgeage des grosses pièces. Un premier marteau-pilon de 2.500 kilogrammes est bientôt suivi de plusieurs autres, et, dès 1855, on met en marche un marteau de 25 tonnes, le plus puissant outil de forge de l'époqùe. En même temps, pour se rapprocher des chantiers de constructions navales qui constituent déjà une partie de leur clientèle, MM. Marre] achètent les forges de la Capelette, près Marseille, oh ils installent des laminoirs à blindages, à tôles et à profilés ;

mais, dix ans après, ils ramènent ces fabrications dans un milieu mieux approprié et construisent alors l'usine des Etaings, près Rive-de-Gier. Les nouvelles aciéries.

Tandis qu'a Rive-de-Gier se

développent d'une manière si remarquable les applications {hi marteau-pilon que, dix ans à peine auparavant, Pétin a introduit dans la Loire, plusieurs usines pour la fabrication du fer et de l'acier se montent au voisinage de Firminy.