Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 190]

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DANS LA RÉGION DE SAINTÉTIENNE

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE

Mineurs de Saint-Étienne, entreprend la création d'une

nouvelle aciérie à la Bérardière, sur le Furens, près Saint-Étienne. Son but est de fournir au commerce et surtout nui manufactures 'd'armes les diverses variétés

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d'acier qu'on est alors obligé d'importer des pays étrangers, en particulier les aciers naturels - raffinés qui viennent d'Allemagne, et qui présentent sur les aciers cémentés des avantages spéciaux qu'on attribue à une combinaison plus intime du carbone avec le fer. La nouvelle usine 'est établie sur les plans de Beaunier qui a, le premier, conseillé sa création. Avec l'autorisation du Directeur général des Mines, Beaunier dirige lui-même l'installation de toute la partie métallurgique do l'usine; bientôt après il en prend la direction. On fabrique là des aciers fondus, des aciers cémentés ; on raffine les aciers bruts de l'Isère, du Nivernais, des Pyrénées. Les produits les plus divers sortent de l'usine de la Bérardière : on y prépare le ruban damassé pour la confection des canons de fusils, l'acier dur pour revêtir les faces des batteries, un acier soudable affiné à 1.024 doubles, qui présente la dureté de l'acier fondu et qui se vend 400 francs en barres. L'acier fondu étiré en petites dimensions, à 260-280 francs, l'emporte sur l'acier anglais par sa propriété d'être soudable, propriété que ne

possèdent pas les aciers de Marschal et de Huntsmann. On peut, en outre, livrer au commerce des aciers raffinés pour coutellerie à 180 francs les 100 kilos ; on vend au même prix les aciers raffinés pour les grands outils tran-

chants, gouges, outils de tour, dont la qualité correspond à celle des aciers de Hongrie. L'acier pour limes, outils,

coutellerie courante, coûte seulement 150 francs. Une des spécialités de l'usine est l'acier étoffé pour ressorts de voiture, au prix de 160 francs ; en 1819, son excellente qualité est attestée dans un rapport de M. Chapuis, lieutenant-colonel d'artillerie, directeur général des ate-

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liers de construction des Messageries royales à Paris « Les quatre premiers ressorts, faits avec les échantillons

d'essais, ont été placés sur une voiture de la route de Lyon qui a fait depuis cette époque un trajet « de 2.600 lieues, sans que, depuis huit mois, ils aient « éprouvé aucune avarie. » Jusqu'à cette époque on employait 'surtout l'acier cémenté laminé anglais pour les. ressorts de malles-postes (*).

En 1819, les aciéries de la Bérardière sont outillées pour produire annuellement 240 tonnes d'aciers naturels 14finés et 30 tonnes d'acier fondu soudable. Cette dernière fabrication, encore inconnue en Angleterre, prouve que le procédé d'Huntsmann a déjà été beaucoup perfectionné depuis son introduction en France ; la fusion -des aciers naturels, d'où résultent ces aciers fondus, est certainement plus délicate que celle des aciers cémentés durs que les fondeurs anglais-- ont jusqu'alors exclusivement pratiquée. Forges à l'anglaise et hauts-fourneaux au Le rôle du Service des Mines et de l'École- des Mines de Saint-Étienne dans .le développement de l'ind'Istrie métallurgique de la Loire semble avoir été, à Pori-gine, tout à fait prépondérant. Pendant que Beaunier dirige les aciéries de la Bérardière, de Gallois, ingénieur De Gallois.

coke.

.en chef des Mines et professeur à l'École des Mines de Saint-

Etienne, fait un long séjour en Angleterre pour étudier les méthodes de fabrication du fer et de l'acier qui n'exigent flue l'emploi de la houille. Depuis longtemps déjà le puddlage par le procédé de Cort est appliqué dans les forges. anglaises, mais c'est seulement à l'époque du voyage de,

de. Gallois que se répand le puddlage sur sole en fonte (*) Rapport fait au Conseil général des Mines, le 11 mai 1819, par M. GILLET DE LAID/tif/NT, inspecteur général au Corps royal des Mines. 25 Tome XV, 1899.