Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 189]

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE

DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

picture set in a golden frone. Enfin', si l'eau de Sheffield a pour. la trempe des propriétés tellement spéciales que, vers la fin du xix° siècle, des Américains n'hésiteront pas à en importer en Amérique même une grande quantité., l'eau de l'Ondaine, celle du Furens, celle du Gier jouissent

de propriétés non moins excellentes et sont réputées valoir celle- de la rivière Chalybs, en Espagne. On fait

En 18'18, la production de l'usine de Trablaine atteint 200 tonnes. Les matières premières viennent de l'Ariège, des Pyrénées-Orientales, du Dauphiné ; les fers de Sahorre, d'Escanié, de Puyvaladore, dans les Pyrénées-Orientales, sont employés concurremment avec ceux des forges de Poisat près de Grenoble. Les terres à creusets se trouvent à Salavas (Ardèche), à Bolène (Vaucluse) ; on emploie

aussi, à Saint-Étienne des meules pour aiguiseries qui ne le cèdent en rien aux meules de Sheffield. Tant de raisons, surtout à une époque où les procédés métallurgiques sont exclusivement empiriques, doivent

en 1818 à -:

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aussi la terre grasse de Sorgues. Les prix de vente des aciers ne sont pas extrêmement élevés, malgré le peu de temps écoulé depuis la création des' usines ; ils s'élèvent

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indiquer Saint-Étienne comme le point le plus favorable à la fabrication des acier § fondus au creuset. Le 26 avril 1815,

le ministre Chaptal promet alors à Jackson un logement gratuit dans le département de la Loire, et, pendant trois ans, une subvention de 20 francs par 100 kilogrammes d'acier équivalant aux meilleurs aciers anglais et produit avec .des minerais français ; on doit, de plus, lui payer 1.000 francs par chaque ouvrier anglais qu'il amènera. Le 2 août 1815, Jackson loue au prix de 900 francs par an la petite forge des Pêcheurs, située à Trablaine, commune de Feugerolles ; puis il s'entend avec des commanditaires qui s'engagent à lui fournir le capital qui lui

est nécessaire. On établit immédiatement un four de cémentation, ensuite unmartinet et 20 fours de fusion ; on

y adjoint une fabrique de creusets, un laminoir, une fabrique de limes. Dès l'année 1816, la production s'élève à 100 tonnes d'acier fondu, et d'acier cémenté.

Le prix des aciers fondus est de 3 fr. 50 à 4 francs le kilogramme; celui des aciers cémentés de 1 fr. 50 à 2 francs. A ce moment il y a encore, en faveur des aciers anglais, un préjugé tel, qu'on est, en général, obligé de vendre les aciers français sous des marques anglaises, si

l'on ne Veut OS consentir à une moins-value de 20 à 25 p. 100..

3 fr. » le kilo, pour l'acier fondu pour l'acier cémenté 20 pour l'acier non curé 2 » pour l'acier corroyé 2 50 pour l'acier corroyé dur.

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Dès l'origine, les produits obtenus par Jackson sont d'excellente qualité ; cependant, obéissant certainement

à l'ancien préjugé, le Comité consultatif des Arts et Manufactures juge que les aciers de Trablaine ne sont pas encore assez parfaits pour mériter la subvention promise par Chaptal. Malgré tout, la fabrication de l'acier fondu au creuset, en France, est maintenant un fait acquis ; elle ne tarde pas à prendre dans la Loire un développement extrêmement rapide.

Le procédé de fusion au Beaunier à la Bérardière. creuset dans des fours à vent; tel qu'on l'applique alors,

est tellement simple que l'exemple donné par Jackson

ne peut manquer d'être suivi. Presque aussitôt après la mise en marche de l'usine de Trablaine, en 1816, M. Milleret, receveur. général des finances du départe:ment de la Moselle, sur les conseils de .Beaunier, ingé-

nieur en chef des Mines et directeur de l'École

des.

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