Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 264]

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LA GRÈVE DES OUVRIERS MINEURS

DU PAYS DE GALLES EN 1898

envoyer le conseil de faire accepter par les ouvriers les

accord. Deux mois plus tard, sous l'influence de l'exaspéra-

propositions des patrons. Ainsi l'intervention du Board of Trade, dans les termes

tion qu'avait produite, dans les milieux ouvriers, l'envoi de troupes régulières pour maintenir l'ordre un instant compromis, les mécaniciens menacent, sérieusement cette fois, de quitter le travail. Plus ou moins bien inspiré, le Comité patronal riposte en déclarant qu'il réclamera, dans ce cas, l'application du Conspiracy Act, 1875, .qui punit d'une amende de 20 livres au plus, ou d'un emprisonnement de trois mois au plus, avec ou sans travaux forcés, celui qui, en rompant un contrat de travail, cause sciemment des dangers ou des dommages à des personnes ou à des propriétés: Cette menace, ou plutôt la crainte de voir

de la loi de 1896, se terminait par un échec, beaucoup plus dur que celui qui avait marqué la grève des mécaniciens, en novembre 1897. Dans ce cas, en effet, une conférence avait été tenue sous les auspices du Board of Trade et avait discuté les propo-

sitions de ce dernier. Ici, rien de semblable. L'arbitrage, sur lequel les ouvriers avaient fondé. tant d'espérances, n'avait pu avoir lieu, par suite du refus absolu des patrons. Nous ne parlerons que pour Mémoire de deux autres

tentatives d'arbitrage qui eurent lieu. Quelques jours avant l'intervention de M. Ritchie, Lord Dunraven avait proposé sa médiation. Les circonstances firent qu'on n'eut même pas à lui répondre, la désignation de Sir Edward

Fry l'ayant amené à s'effacer.

Au commencement d'août, et sous l'empire de la profonde pitié qu'inSpiraieut

leur grève rendue inutile par la facilité que les Compagnies auraient eue pour faire conduire leurs machines par leurs employés, ou encore l'apaisement momentané produit par

la nomination d'un arbitre, furent suivis d'effet. Les mécaniciens, dans une réunion tenue le 30 juin, et où 2.049 (l'entre eux étaient représentés, décident de continuer le

les misères causées par la grève, l'évêque de Hereford offrit son intervention. Elle fut rejetée par les patrons

travail.

dans des termes courtois, mais nets. La proposition, Comme

faite auprès des mécaniciens ; d'un commun accord, et tout bien considéré, on décide de la laisser sans suite.Il n'y a là d'ailleurs rien que de conforme aux habitudes

le refus, produisit d'ailleurs très peu d'impression : savait trop bien à quoi s'en tenir sur les intentions des patrons, et, depuis le 25 juillet, tout espoir de faire accepter

à ces derniers l'intervention d'un arbitre était perdu. Ce qui aidera encore à comprendre purquoi les ouvriers se trouvaient, dans une certaine mesure, privés des armes dont ils eussent pu ailleurs disposer contre les patrons, c'est la séparation très nette qui existe entre les mineurs et les mécaniciens et chauffeurs (Voir la note de la p. 476 et suiv.). Travaillés énergiquement par les mineurs, les mécaniciens et chauffeurs menacèrent, dès le 27 avril, de se mettre en grève ou, du moins, ils tentèrent de profiter de la situation en demandant une augmentation de salaires. Une réunion de leurs délégués et du Comité patronal aboutit à un

Enfin, au commencement d'août, nouvelle tentative

anglaises en pareil cas, et une attitude opposée eût gravement compromis la cause des ouvriers dans l'opinion publique.

Le point par lequel les propriétaires de charbonnages restaient vulnérables, c'était le préjudice résultant pour eux du défaut d'entretien des travaux. La situation se trouvait, à cet égard, très inégale. Dans les charbonnages puissamment organisés, pourvus d'un personnel de surveillance nombreux et dévoué, l'entretien des galeries fut assuré par ce personnel, aidé des autres employés, même des employés des bureaux ; dans d'autres on put, pendant au moins une partie de la grève, maintenir