Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 13]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

DE LA SPÉLÉOLOGIE

Il est loisible assurément de supposer que les eaux souterraines étaient plus-chaudes, plus chargées d'acide carbonique, par conséquent plus dissolvantes. Mais les faits qii'invoquait M. Parandier sont quelque peu hypothétiques. Ses idées n'en ont pas moins été presque intégralement recopiées, détail généralement ignoré, par Marcel de Serres dans son livre sur les cavernes à ossements, -dont la première édition est postérieure de deux ans au 'mémoire de M. Parandier. Ces deux auteurs ont soutenu aussi que l'eau par ses dépôts (stalagmites et argile) bouche les cavernes au lieu de les agrandir : cela est vrai pour les eairx dormantes et de suintement, mais pas toujours pour les eaux courantes, dont le mouvement empêche généralement les dépôts, et active l'érosion et la corrosion (Les Abîmes, p. 539). De Malbos (*) et Lecoq (**) ont voulu substituer à l'ac-

le rôle des cassures du sol, rappelons que Boyd-Dawkins n'a pas été le seul à soutenir que (, les cavernes ne sont pas généralement sur les lignes de failles » (Cave-

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tion de l'eau celle des gaz dégagés de l'intérieur de la terre; sauf ce que nous avons dit pour certaines cavernes volcaniques, cela est manifestement une erreur. Simony et Zippe ont pensé que l'acide carbonique avait commencé par user, par carier; les roches calcaires, et que les écroulements étaient survenus ensuite. Ami Boué '(*"*) a même imaginé que certaines cavernes

ont pu être agrandies par les gaz émanant des corps

organiques en décomposition (animaux et végétaux) jetés 'ou charriés fortuitement. Mais aujourd'hui tout le monde est d'accord (Fournet, Boisse, Thirria, Boyd-Dawkins, Phillips, Hughes, Neumayr, de Lapparent, etc.) pour bien reconnaître l'influence prépondérante des fissures. Avant de terminer ce qui concerne Rôle des failles.

Hunting, p. 57). Il se base, pour soutenir cette thèse, sur ce que les cavernes du Peak en Derbyshire (dont je parlerai tout à l'heure) traversent à angle droit deux,

sinon trois failles. Or, non seulement les failles servent de canaux d'ascension à quantité de sources ordinaires, minérales et thermales (*), mais encore les exemples de grottes ou d'abîmes pratiqués aux dépens de véritables failles ne sont pas rares : j'ai décrit ou cité moi-même (**) ceux du Boundoulaou (Aveyron), du Tindoul de la Vayssière (Aveyron), de l'Igue de Simon (Lot), des Vitarelles (Lot), de Montmège (Dordogne), de Padirac (*'*) (Lot), etc., auxquels une importante étude de M. F. Mazauric vient. d'ajouter celui, très caractéristique, du .spélunque de Mons (**"*) (Gard). L'existence fréquente de cavernes au sein des failles ne peut plus être mise en doute. Elle avait été, d'ailleurs, parfaitement reconnue par Desnoyers (mémoire cité).

Action des eaux dans les cavernes.

Examinons maintenant comment les eaux ont agi pour transformer en cavernes le 3 cassures du sol. Origine des eaux souterraines. Infiltrations. Il est

probable que toutes les eaux souterraines ont pour origine les produits de la condensation atmosphérique, précipités sous forme de pluie et de neige, et partiellement engloutis dans les différents méats des terrains perméables : soit dans les interstices des formations meubles, soit dans (*) DAUBRÉE, Eaux: souterraines,

  • ) Mémoire et notice sur les grottes du Vivarais, 1853.

("") Epoques géologiques de l'Auvergne, t. Il, p. 255. (**") Pour la bibliographie, V. Les Abîmes, P. 540.

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E

et II, passim; la Touvre, Vau-

cluse, etc. (**) Les Abîmes, p. 175, 179, 240, 309, 320, 365, 537. (***)Comptes rendus de l'Académie des sciences, 21 octobre 1895. (**.**)Mémoices de la Société de Spéléolmlie,n° 2, février 1896.