Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 14]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

'APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

les crevasses des roches fissurées ouvertes à la surface même du sol. Cet enfouissement se nomme l'infiltration, par opposition au ruissellement, qui laisse les eaux météoriques s'écouler à l'air libre sur les pentes des terrains imperméables. Eaux thermales. Inaccessibilité de leurs canaux.

Suivant qu'elles sont ou non arrêtées dans leur descente par des lits imperméables intercalaires, les eaux infiltrées ne pénètrent pas très bas dans l'épaisseur de l'écorce terrestre, ou bien elles s'enfoncent, au contraire, profondément ; les premières forment les nappes phréa- tiques (Grundwasser, eaux de puits) des terrains meubles et les sources ordinaires, qui jaillissent aux points oh une dépression quelconque recoupe une roche perméable superposée à une roche imperméable ; ces sources sont froides ou tempérées (inférieures à 25° C.) ; les secondes, après s'être réchauffées plus ou moins bas dans la terre, remontent, de plusieurs kilomètres parfois (*), très souvent

par des failles (sources thermo-minérales, et géothermales, geysers, etc.). Sauf accidentellement dans des

mines, les canaux et cavités que parcourent ces dernières n'ont pas. été jusqu'à présent accessibles à l'homme. Il est vrai que Miss Luella Owen vient de signaler que la grande caverne du Vent (Wind Cave, près Hot:Springs, .Dakota) (*"), serait, croit-on, « le lit d'un geyser éteint -», présentant encore cette particularité de souffler parfois de violents coups de vent ; mais cette sommaire indica(Recherches sur l'eau clans l'intérieur de la terre) (*) DELESSE pense qu'a 18.500 mètres seulement, à 6000 de chaleur, l'équilibre de la se produit entre le poids des roches et la force élastiquejusqu'à Il y a, d'après lui, de l'eau souterraine libre vapeur d'eau. 18.500 mètres. (**) 210 chambres et 156 kilounares de couloirs déjà connus (?); profondeur atteinte,.300 mètres.

Cavernes américaines (Bulletin de la Société de Spéléologie, Ir 5,

1°' trimestre 1896).

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tion, si nouvelle, devra être contrôlée par un examen scientifique approfondi. Réfutation de l'origine geysérienne des abîmes. L'obstruction (probablement universelle) des cassures

du sol ayant servi de canaux ascensionnels aux sources thenno-minérales aujourd'hui taries, doit contribuer à la réfutation définitive d'une trop séduisante théorie ; c'est celle qui a été mise en avant pour expliquer l'origine d'une catégorie toute spéciale de cavités, les grands puits naturels verticaux qui méritent si bien le nom d'abîmes et qui, maintenant encore, à la différence des- geysers et volcans éteints, restent vides jusqu'à une notable profondeur. D'Omalius d'Halloy, le premier, a voulu voir dans ces abîmes des cheminées d'éruptions geysériennes ; il

prenait pour résidu de la dernière éjaculation les

argiles ferrugineuses (sidérolithiques) trouvées autour et au fond de ces gouffres; Scipion Gras, MM. Bouvier, Lenthéric et P. Raymond l'ont suivi dans cette opinion (*). Je répéterais .ce que j'ai dit ailleurs, sije rappelais longue-

ment comment les profondes descentes que les Autrichiens et nous-mêmes avons opérées jusqu'à 200 et même 300 mètres sous terre, dans ces étroites cassures à pic, ont

démontré aussi la fausseté de cette hypothèse geysérienne(*"). Certes, les.. véritables cheminées de la KaaaJama (***) (Istrie ; 213 mètres), la grotte des Morts (Istrie 255 mètres), Vigneclose (Ardèche ; 190 mètres), JeanNouveau (Vauclus'e ; 163 mètres), Rabanel (Hérault ; 212 mètres), Trouchiols (Aveyron ; 130 mètres), etc., etc., excusent, par leur seule coupe, l'idée qu'on a eue d'en faire (*) Adoptée partiellement par M. Parandier (notice citée, p. 7 et 20,

et Compte rendu sommaire des séances de la Société géologique, 15 juin 1896, p. cm).

(**)Les Abîmes, p. 38, 48, 475 et 519; la Nature, n° 1049, 24 juin 1893 (abîme de Jean-Nouveau). (***) V.

J. MARTNITSCII,

La Kaèna-jama, Mémoires de la Société

de spéléologie, n° 3, avril 1896.