Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 11]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

15

APPLiCATIONS GÉOLOGIQUà

DE LA SPÉLkOLOGIE

(Dordogne), Padirac (Lot), Mitchelstown (*) (Irlande, longue de 2 kilomètres), Han-sur-Lesse (Belgique), Adels-

ont, par places, donné naissance à de vraies grottes. Ce

berg (Autriche), Sloup (Moravie), Kapsia et Palochori (Péloponèse), -Mammoth-Cave (États-Unis), en sont de topiques exemples pris dans diverses parties du monde.

matières arénacées » (Daubrée). La solubilité du gypse et

14

Comment l'eau s'est ensuite servie de cette canalisation plus ou moins largement préparée d'avance, comment elle en a agrandi et modifié les veines plus ou moins amples pour y établir sa circulation souterraine, comment elle l'a çà et là transformée en cavernes souvent très vastes, c'est ce que nous examinerons tout à l'heure. Au préalable, il importe de noter que, comme toute bonne règle, cette loi si simple de la genèse des grottes et abîmes souffre certaines exceptions, exceptions tirant leur origine des dissemblances pétrographiques des divers terrains. Ainsi les Cavernes indépendantes de la fissuration. roches qui, sans être précisément meubles, incohérentes, comme les graviers, ont la propriété de se dissoudre ou de se dissocier dans l'eau, peuvent posséder des vides souterrains naturels indépendants de toute fissuration du sol. Tels les grès de Fontainebleau et les dolomies sableuses de Montpellier-le-Vieux ("*) (Aveyron) qui présentent un'

certain défaut d'homogénéité : au sein de leurs masses dures, résistantes, se rencontrent des sortes de poches friables, portions de roches dont les éléments n'ont pasété agglutinés par le ciment qui a fait prendre le sur, plus. Ces parties sableuses, évidées par les eaux courantes ou d'infiltration, qui entraînaient leur contenu inconsistant, (*) V. E.-A. MAITTEL, Mitchelstown-Cave, dans l'Irish Naturalist, t. V, n° 4, avril 1896, avec plan au 2.0000, Dublin, Eason.

sont les cavernes « produites par l'entraînement des surtout du sel gemme crée aussi des vides souterrains, non plus par entraînement dû à une eau mouvementée, mais par l'action chimique de l'eau, par la corrosion qui mange et fait fondre la roche comme du sucre. Ce sont les grottes de dissolution : cavités d'Eisleben et des lacs du Mansfeld (en Thuringe) (*) entonnoir d'Ain-Taïba

(Sahara) ("*) ; cloche de Taverny (Seine-et-Oise, en partie due aussi à l'érosion ; Les Abîmes, p. 410); Kraus-Grotte près Gams (Styrie ; 116hlenkunde, p. 98) ; mares de Meurthe-et-Moselle; éboulements du Cheshire, etc. Ces grottes d'entraînement et de dissolution ne comportent pas nécessairement la préexistence de fissures en ayant favorisé le développement : l'eau seule est parfaitement capable de les produire ; toutefois, cela n'a lieu que dans des formations géologiques de nature particulière et, en général, sur une échelle assez restreinte. Grottes d'explosion

volcanique. - Au contraire, les

terrains volcaniques montrent des cavités où l'eau, du moins sous sa forme liquide, n'a nullement concouru au creusement : ce sont les cavernes d'explosion, qu'ont ouvertes les éruptions volcaniques ou les bulles de gaz et de

vapeur d'eau crevant les roches ; ce sont les grottes de refroidissement dues au retrait subi par les roches plutoniques, pendant l'abaissement de leur température. Aux îles Açores plusieurs grandes poches (Forli° de Graziosa, Fayal, etc.), depuis partiellement occupées par des eaux d'infiltration, semblent avoir cette origine ; de même,

(**) L. DE MALAFOSSE, Bulletin de la Soc. de Géographie de Toulouse,

(*) V. pour les éboulements des terrains et l'abaissement du niveau des lacs du Mansfeld survenus en 1892 : ULE, Die Mansfelder-Seen,

TrurrAT, Une excursion à Montpellier-le-Vieux, in-80, 15 p, MARTEL, Bulletin de la Soc. géologique, Toulouse, Durand, 1885 ; 16 avril 1888, p. 509, et Les Cévennes, p. 127.

Eisleben, 1893, in-12 ; et KREBS, Die Erhaltung der Mansfelder-Seen, Leipzig, 1894, in-8°. (**) DAUBÉE, Eaux souterraines, 1, p. 292, 300; II, p. 83.

-

1883;