Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 62]

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NOTE SUR LES ANCIENNES INSTALLATIONS

le prix élevé des minerais de fer à cette époque, car tout le fond des anciens travaux est en beau minerai.

L'installation du puits des pompes jumelles paraît beaucoup mieux &adapter à l'emploi d'un moteur mécanique qu'a l'utilisation de la force humaine ; il ne semble

pourtant pas, d'après l'étude des lieux, qu'il en ait été ainsi. Les seuls canaux existant aux environs sont celui

dit du Château, à la cote + 45, étroit et ne pouvant porter que quelques litres, et le canal de la Forge neuve,

à la cote + 20, débitant près d'un mètre cube par seconde. Pour utiliser le premier qui coule à 40 mètres dans le toit du gîte, il aurait fallu amener les eaux dans la Mine au moyen d'un percement qui aurait laissé des traces visibles dans la roche calcaire affleurant au jour (c'est la solution adoptée par les exploitants modernes), et l'utilisation d'une chute motrice de 35 mètres, avec un débit de 5 à 6 litres n'était possible qu'avec les ma-

chines à colonne d'eau inconnues à cette époque. II résulte d'ailleurs des rellSeigneMentS qui m'ont été fournis par M. Baudon de Mony, propriétaire actuel du château de Gudanes, que ce canal n'existait pas en 1700.

On aurait pu plus facilement se servir des roues hydrauliques installées à la Terrasse, c'est-à-dire près de l'emplacement actuel de la Forge neuve, pour actionner

le sytème des pompes au moyen des lignes de tirants classiques des mines allemandes ; cette solution était tout à fait dans les idées de l'époque et elle était très possible, la distance du moteur aux puits n'étant que de' 260 mètres. Mais dans ce cas les lignes de tirants au-. raient nécessairement dû passer par la galerie Goujeon, qui n'aurait pu servir au sortage des minerais, et on aurait retrouvé dans cette galerie, qui est intacte sur 62 mètres, sinon lès tirants eux-mêmes qui ont pu être enlevés, au moins les scellements des consoles oscil-

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lantes qui les supportaient. Il paraît donc très probableque s'il existait, comme le dit Dietrich, une installation hydraulique extérieure pour extraire les eaux rassemblées dans le puits de Guinette, tout l'épuisement intérieur se faisait à bras. Ce qu'on ne peut s'expliquer, c'est le chiffre de quatre hommes par pompe donné par Dietrich. En faisant servir chaque pompe des colonnes du Gouffre et de la descenderie par deux postes de deux hommes, l'un de jour, l'autre de nuit, se relayant alternativement, on aurait obtenu un débit bien supérieur à la venue d'eau des sources correspondantes et quatre hommes auraient été insuffisants pour mener les dixhuit pompes jumelles, en admettant même que la tige fût interrompue au delà de la partie inaccessible du puits et le groupe partagé en deux. On trouve à divers niveaux dans les anciens travaux des couches d'argile à peu près horizontales intercaléesdans les éboulis de l'exploitation, ce gni indique que le niveau des eaux a varié dans d'assez larges limites etpendant des Périodes assez longues. Il est probable que' ce résultat provient d'inondations accidentelles et il est difficile de croire que l'épuisement fût régulièrement suspendu pendant la mauvaise saison et repris en été ;ce procédé, outre le danger de compromettre la solidité des travaux, n'aurait guère été économique, car la mine n'aurait pas eu le temps de se remplir pendant l'arrêt et le volume total des eaux à extraire aurait en somme été le même, bien que d'une profondeur un peu plus faible. Lors de la reprise du puits du Gouffre, on a eu souvent l'occasion, soit à la suite d'accidents, soit pour déplacer -

les pompes, de suspendre momentanément l'épuisement ; "on en a profité pour mesurer de combien les eaux remontaient dans le puits et on a trouvé en moyenne O',20 par jour. Dans ces conditions, il aurait fallu environ six mois pour remplir les travaux. On-