Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 63]

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D'ÉPUISEMENT DES MINES DE CHATEAUVERDUN. 121

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NOTE SUR LES ANCIENNES INSTALLATIONS

remarquera, en outre, que les ouvriers du pays ayant

l'habitude, comme le fait remarquer M. François, d'aller

charbonner pendant l'été, il aurait été beaucoup plus difficile de trouver à ce moment le nombreux personnel nécessaire aux travaux et on n'aurait su à quoi l'occuper pendant l'hiver. Ce même chiffre de 0111,20 par jour peut aussi donner une mesure, non pas précisément de l'étendue des anciens travaux, mais de l'importance des vides résultant de l'exploitation et non remblayés, bien que ces vides, ne soient ni connus ni accessibles. Le débit des sources étant de 50 à 60 litres par minute, le volume par vingtquatre heures est de 72 à 86 mètres cubes et par suite la section horizontale des vides non remblayés doit être de 360 à 430 mètres carrés ; l'exploitation a dû porter sur une surface notablement plus considérable, mais comparable. D'après M. François, on trouve dans la vallée d'Aston les vestiges de huit feux catalans ou autres ; d'après les renseignements historiques, il existait, au XVIII' siècle,

cinq forges sur la terre de Gudanes, sans compter les forges d'Urs et de Luzenac, qui sont très rapprochées. Les chiffres donnés par M. François permettent d'évaluer la production de ces sept forges à 10.800 quintaux métriques de fer et leur consommation à 3.250 tonnes de minerai ; il est probable que la plus grande partie provenait de la mine de Châteauverdun. L'installation d'épuisement de Saint-Étienne-de-Baigorry, décrite par Dietrich, était jusqu'ici la seule connue

dans les Pyrénées au siècle dernier ; elle était plus importante et plus complète que celle de Châteauverdun

et comportait des moteurs hydrauliques ; celle que je viens de décrire présente cependant un certain intérêt historique, et il est curieux de trouver un attirail aussi compliqué et nécessitant une main-d'uvre aussi consi-

dérable dans une mine de fer dont la production était en somme peu importante. L'examen des vieux travaux de Châteauverdun peut donner quelques indications sur le mode d'exploitation. Lorsque le gîte était étroit, comme au dépilage du Gouffre, on enlevait tout le minerai et les stériles pro-

venant des salbandes et des éboulements étaient déposés sur des planchers supportés par de fortes poutres

encastrées normalement entre le toit et le mur. Ces planchers subsistent encore, et on a trouvé des traces de travaux analogues dans le quartier de la descenderie n° 3, où les poutres, noyées dans les éboulis, avaient jusqu'à 5 et 6 mètres de longueur. Lorsque le gîte était plus puissant, il semble qu'on l'a exploité par piliers abandonnés avec éboulement, subséquent, suivant le système qui est encore pratiqué aux mines de Ranci é .

Toulouse, le 19 mars 1895.