Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 293]

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ÉTUDES SUR LE BASSIN HOUILLER DU NORD

ET SUR LE BOULONNAIS.

des masses mises ainsi en mouvement. Cette dislocation, cet émiettement des diverses parties; paraît surtout inévitable dans les parties les plus avancées, qu'on a peine à se figurer formant une sorte d'éperon en avant de la masse charriée. Or, il semble à Charleroi qu'on retrouve précisément ces parties les plus avancées, la tête ou la charnière anticlinale du. pli primitif; on voit au-dessus de la surface de charriage, non plus des lambeaux étirés, mais la série complète des couches du dévonien supérieur et du carbonifère qui, toujours renversées et très froissées, se redressent jusqu'à la verticale et amorcent ainsi le

ainsi trois paquets ou trois tranches distinctes qui se recouvrent partiellement. Cette analyse montre aussi que le déplacement constaté à la surface, c'est-à-dire la distance entre le terrain houiller inférieur resté en place et l'extrémité du terrain charrié, est seulement, bien qu'atteignant déjà 5 kilomètres, une partie du déplacement

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retournement complet qui doit les faire s'emboîter les unes autour des autres. Je reproduis Pl. X, fig. I et 2, les deux coupes de M. Briart qui montrent cette disposition remarquable.

Ces coupes indiquent encore l'existence de trois et même probablement de quatre surfaces différentes, le long desquelles s'est successivement opéré le glissement

et le transport horizontal des couches. La masse charriée s'est d'abord déplacée le long de la faille du Midi et de la faille de Tombe et a atteint la position I (fig. 1, Pl. X); la poussée continuant, un décollement s'est produit dans cette masse ; la partie (I) est désormais restée immobile, tandis que le mouvement continuait au-dessus d'elle, le long de la faille de Fontaine-l'Évêque jusqu'à la position II, puis le long de la faille de Leernes jusqu'à la position III. M. Briart suppose même que le mouvement

a dû continuer suivant la faille du Midi et suivant une quatrième faille (amorcée en pointillé) aujourd'hui dénudée. C'est un exemple remarquable des complications dont j'ai signalé la possibilité ; mais ces complications même, une fois qu'on en a démêlé la cause, deviennent l'occasion de nouvelles vérifications, et -c'est ainsi que M. Briart a pu suivre à la surface du sol les contours de ces trois failles dessinant trois ellipses séparées et isolant

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total ; en doublant ce nombre, on resterait sans doute

encore au-dessous de la vérité. Mais le fait capital sur lequel j'ai déjà appelé l'atten-

tion, c'est que ces mouvements ont amené le terrain houiller inférieur,, et même la base du terrain houiller productif, à reposer sur le houiller supérieur exploité. Dans les autres cas jusqu'ici observés et décrits dans le bassin, il existe une limite bien tranchée entre la nappe de recouvrement, formée de couches beaucoup plus anciennes, et le terrain houiller qu'elle recouvre ; ici cette limite s'efface et disparaît, parce que l'extrémité au moins

de la nappe venue du sud est à peu près de même âge que les terrains qu'elle recouvre ; tout ce mécanisme complexe et ces immenses déplacements ont produit là, en fin de compte, la même apparence qu'aurait fait un simple pli ordinaire avec renversement des couches.

Entre la faille, le long de laquelle le déplacement a été de plusieurs kilomètres, et les autres petites failles du bassin qui ont amené des déplacements de quelques dizaines

de mètres, il est presque impossible de faire la distinction autrement que par voie de continuité. En n'étudiant que le bord extérieur de la faille (branche nord de M. Briart), on pourrait le suivre sur 15 kilomètres de

long, sans que rien sur tout ce parcours puisse faire soupçonner l'amplitude exceptionnelle de l'accident auquel elle correspond. Il y a là un enseignement précieux à retenir pour le

reste du bassin. L'affleurement de la grande faille du Midi n'est pas marqué nécessairement par une succes-