Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 291]

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ÉTUDES SUR LE BASSIN HOUILLER DU NORD

ches situées au sud du cran de retour qui ferait partie de la nappe de recouvrement, amenée du bord méridional au-dessus de la cuvette houillère. Cette nappe de recouvrement comprend des terrains dévoniens, des terrains carbonifères et du terrain houiller productif, dont l'en-

semble a glissé de plusieurs kilomètres vers le nord; mais la grande cuvette que cet ensemble a recouvert se continue au-dessous de ce manteau, semblable à celle de Mons à laquelle elle fait suite, comprenant comme elle en son centre les couches les plus récentes (houilles à gaz), qui sont réputées manquer dans le bassin du Nord,. et qui doivent souterrainement 'aller rejoindre celles du Pas-de-Calais. Contrairement à l'explication ancienne qui ferait du bassin du Nord une partie plus profondément dénudée que les parties voisines, dans laquelle par conséquent les couches lés plus récentes auraient été enlevées, cette interprétation ferait de ce bassin une partie moins

dénudée, dans laquelle la nappe de recouvrement est restée à l'état de manteau continu, et où les couches les plus récentes du centre de la cuvette se trouvent enfouies à une grande profondeur sous ce manteau.

Je vais essayer de montrer que toutes les données résultant des exploitations peuvent facilement être mises d'accord avec l'hypothèse proposée, et que cette hypothèse permet de grouper autour d'une même coupe schématique, qui reste la même du bassin de Charleroi à-celui

de Douai, toutes les anomalies et toutes les variations apparentes de structure. Ce n'est pas encore suffisant pour démontrer que l'hypothèse est exacte, mais cela crée en sa faVem une probabilité sérieuse, d'autant plus grande que cette coupe type, à laquelle on ramène toutes les autres, n'est pas une coupe hypothétique, mais une coupe réelle, celle dont M. Briart vient de donner les détails pour les environs de Landelies et de FontaineL'Évêque.

ET SUR LE BOULONNAIS.

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Il est bon de rappeler sommairement le trait essentiel de la structure du bassin franco-belge, bien connu depuis longtemps, grâce aux beaux travaux de M. Gosselet dans les grands mouvements qui ont terminé l'ère paléozoïque, l'Ardenne a été poussée sur la cuvette houillère ; un pli surplombant. (axe du Condros) s'est formé sur le bord sud de cette cuvette, englobant dans son noyau des assises dévoniennes et siluriennes ; les ends de poussée continuant et s'exagérant dans la partie supérieure de l'écorce, le haut du bourrelet ainsi formé a glissé lentement vers le nord ; le bas, comparable à une membrane élastique qui reliait cette partie mobile aux parties plus profondes et non déplacées, a dû s'allonger, s'étaler sur un plus large espace, s'amincir par conséquent et comme se laminer ; là où le laminage a atteint sa limite extrême, une simple surface de glissement remplace cette partie inférieure, c'est-à-dire l'ensemble des assises renversées dans le pli primitif; à d'autres endroits des lambeaux plus 'ou moins épais, avec surfaces de glissements secondaires, en ont conservé des traces. Nous verrons enfin qu'en certains points, la série complète des couches renversées peut se retrouver intacte, sans amincissement ni suppression de couches. La fig. 2 rend compte de la structure qui théoriquement résulte de ce mouvement de charriage. Elle équivaut au fond, comme je l'ai montré depuis longtemps, au schéma de M. Gosselet; seulement, pour mieux mettre en évidence le mécanisme essentiel

du phénomène, elle ramène tout au plissement qui en est l'origine, et elle fait abstraction des failles secondaires qui peuvent l'accompagner, mais qui n'en sont

pas une conséquence nécessaire. Ces phénomènes, dont l'existence a été pour la première fois constatée dans les Alpes de Glaris et dans le bassin houiller franco-belge, sont maintenant connus sur

le bord de toutes les grandes chaînes, aussi bien en