Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 261]

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516 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ADOLPHE HENRY.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUÉ ADOLPHE HENRY.

tant ceux d'un frein modérable et d'un desserrage rapide en cas de fonctionnement intempestif, constituant ainsi une solution absolument complète du problème tel qu'il avait été.posé ; elle assurait de plus à la Compagnie, grâce à la convention proposée par M. Westinghouse, des conditions particulièrement avantageuses pour l'application à

son matériel des appareils à livrer par lui. Le nouveau

frein ainsi constitué ayant, d'ailleurs, aux essais pratiques, donné des résultats de tout point satisfaisants, l'application en fut décidée, à la fin de l'année 1880, d'abord et immédiatement à tout le matériel des trains directs, express et rapides, ainsi que des trains de banlieue, et en principe à tout l'ensemble du matériel des trains de voyageurs. Vers le milieu de 1882, Henry perdait, en la personne de M. Marié, un chef auquel il s'était profondément

attaché durant ces trois années de collaboration,

qui

avaient créé entre eux les rapports les plus intimes, et il était appelé à prendre après lui le lourd fardeau de la direction de ce grand et complexe service du matériel et de la traction. A la fin de la même année, il était, sur la proposition du Ministre de la guerre, fait chevalier de la Légion d'honneur. Le plaisir qu'il éprouva à recevoir cette distinction ne laissa pas d'être obscurci par le regret de ne pouvoir le partager avec ceux à qin il rapportait la brillante carrière parcourue par lui et qu'il avait aimé à associer à tout ce qui lui arrivait d'heureux : il avait, dès 1877, vu s'éteindre son vieil ami M. Prugneaux, et il avait eu, dans les derniers jours d'octobre 1881,1e profond chagrin de perdre son père ; l'un et l'autre du moins avaient pu jouir de leur oeuvre, et les lourds sacrifices que ce dernier avait faits jadis avaient trouvé toutes leurs récompenses. Ce que fut Henry comme ingénieur en chef du matériel

et de la traction de la Compagnie P.-L.-M., je n'aurais pour le dire en peu de mots qu'à reproduire quelquesunes des éloquentes paroles prononcées sur sa tombe par

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Noblemaire (*) « Pas une de ces dix années qui n'ait été marquée par une découverte nouvelle, une réforme, un perfectionnement, lentement étudié, mais réalisé avec -une sûreté, une précision, qui ne laissaient jamais place .à l'erreur et n'ont jamais comporté de rectification ultérieure ». C'était là, en effet, l'un des traits caractéristiques

de sa méthode de travail et qui ne pouvait être plus .justement apprécié : ne rien livrer au hasard, étudier chaque question à fond et sous toutes ses faces, contrôler

.expérimentalement les résultats de la théorie, et ne donner une solution que quand il pouvait vraiment la regarder comme définitive. Se gardant de rien annoncer

qu'il ne fût absolument certain de réaliser , s'il a pu ,sembler parfois à ceux qui ne le connaissaient pas aussi

lien que son éminent directeur, peu empressé à entrer ,dans la voie de certaines modifications et à tenir compte de certains conseils, c'est qu'ayant la responsabilité d'intérêts considérables, il ne voulait toucher qu'en parfaite ,connaissance de cause à l'oeuvre de son prédécesseur : il mûrissait silencieusement son plan, dans lequel chaque

'détail devait venir à son heure , et dont la réalisation .devait montrer combien il était soucieux de tout progrès. Avant d'arrêter de nouveaux types de machines, et afin ,de pouvoir les approprier exactement aux services aux{Fiels ils devaient être respectivement affectés, il avait tenu à entreprendre une étude méthodique approfondie, .devant les difficultés de laquelle plus d'un eût àsa place

reculé. Je ne puis que rappeler ici, sans entrer dans le .détail, les ingénieuses expériences instituées par lui sur les principaux types de locomotives en usage dans les divers réseaux, et qui consistaient, pour chaque type,.d'une part dans la détermination des déplacements, trans-

versaux et longitudinaux, de la machine librement sus(*) Ana, des mines, 9' série, I (1892), p. 283.