Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 321]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

timètres de diamètre. Il était placé près du toit de -la veine et la houille était fendillée sur tout le pourtour.

la fosse Bayard, qui avait un débit de 15 mètres cubes à la seconde.

Ce 'trou était évidemment le fond de la chambre d'une

desservaient les trois veinés du nord qui recevaient chacune un courant spécial d'air frais ; le volume d'air mesuré dans la bowette était environ de 80 litres par seconde et par ouvrier occupé dans ces exploitations. Ce n'était donc pas la masse d'air dans son état normal qui avait pu faire explosion, il fallait qu'une cause spéciale eût amené en un point une accumulation de

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mine qu'un mineur avait poussée au delà de la masse havée dans la houille massive, de sorte que cette partie était encore en place et n'avait fait que fendiller la houille sur tout son pourtour.

A cette constatation venait s'en ajouter une autre ; la position des victimes montrait que dans toutes les tailles de première .et de deuxième veine, les ouvriers se trouvaient répartis le long des fronts au moment de l'explosion ; seul le front de la première taille de deuxième veine était abandonné, les quatre mineurs avaient été retrouvés dans la première voie, trop rapprochés les uns des autres pour avoir été surpris en travaillant, et cependant l'heure du déjeuner était passée, depuis longtemps. La conclusion s'imposait d'elle-même : les ouvriers de la première taille, après avoir préparé une mine dans la

veine, s'étaient retirés dans la voie pour se mettre à l'abri, et c'était là que la mort les avait frappés. La flamme partant de la taille avait, d'un côté, parcouru leg

tailles supérieures et le retour d'air de la deuxième veine, et avait, de l'autre côté, pris le recoupage, suivi le plan incliné et pénétré dans les voies y aboutissant. Cause de l'accumulation du gaz. Mais il avait fallu pour produire l'explosion le concours d'une autre cause, amenant l'accumulation du gaz au point où l'imprudence des ouvriers s'apprêtait à le mettre en feu. Dix jours avant l'accident, à la suite d'une explosion survenue dans une autre Compagnie, on avait fait une

revue détaillée des retours d'air et des communications d'aérage en général ; la fosse Turenne avait été trouvée dans une situation satisfaisante. L'aérage était assuré par le ventilateur Fabry, placé à

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11 ou 12 mètres cubes

gaz. Or, il n'y avait pas de vieux travaux dans ces

exploitations et les tailles étaient remblayées de à ne laisser aucun vide où pût s'accumuler manière le grisou. L'accumulation n'avait pu dès lors se produire qu'aux fronts de taille et au moment même de l'explosion. Comment s'était-elle produite ? Un porion et un lampiste avaient été trouvés dans la galerie de retour d'air des tailles de la deuxième veine ; il était évident qu'ils venaient de parcourir ces chantiers et qu'au moment de leur passage toutes les communications d'aérage devaient être libres. Le courant n'avait pu être contrarié qu'après leur passage, et plutôt par les ouvriers de la première taille qui avaient reçu les premiers la visite de leurs chefs, que par ceux de la dernière qui venaient de les voir et dont ceux-ci n'étaient pas encore éloignés de 200 mètres. Il est probable que les mineurs de la première taille, voulant faire sauter une mine et désirant éviter que le bruit de l'explosion n'arrivât aux oreilles du porion avaient bouché la partie supérieure de leur taille , se Promettant bien de rétablir le courant d'air dès que la mine aurait éclaté, ajoutant ainsi à leur première imprudence une seconde plus grave encore, car elle -réalisait le concours des deux causes dont la coïncidence peut seule amener une explosion de grisou.