Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 292]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

de 0",20 à 0rn,40 de puissance de charbon maigre à longue flamme, paraissant très peu grisouteux. Dans la nuit du 13 au 14 février 1891, le tir de la troisième et dernière volée, comprenant six coups de mine chargés à la dynamite, mit à découvert, à 2.568 mètres du puits, une deuxième couche. Les ouvriers, qui s'étaient

retirés à distance, n'ont rien remarqué d'anormal lors du tir. Environ 20 minutes après, lorsqu'ils ont voulu retourner au chantier, ils ont été arrêtés par le grisou qui marquait à 200 mètres du chantier, et le maitre-mineur les a fait sortir. Au commencement du poste suivant il ne restait plus que quelques traces de gi:isou dans des anfractuosités, grâce à l'aérage excellent dont nous parlerons tout à l'heure.

On constata alors qu'il y avait eu projection d'une quantité importante de charbon, 21 wagons au chargement. Tout ce charbon provenait d'une petite remontée dans la couche, à droite de la bacnure, remontée _qui avait 7 mètres de longueur et se terminait par une petite galerie plate [fig. 5 (plan) et 6 (coupe)]. Dégagement n 4. Travers-bancs de Créai. Deuxième couche au-dessus de l'étage stérile. Après le dégagement précédent, on chercha à faire un havage dans le charbon, après avoir remblayé la remontée; mais le charbon se montra très dur, car sur 5 wagons faits au pic on avait obtenu 2 wagons et demi de mottes. On se décida alors à forer de nouveaux trous de mine au mur avec les perforateurs, en laissant au moins 50 centimètres entre le fond des trous et la couche; on

fit, le 16 février 1891, à 8 heures du soir, le tir de la volée 1 (fig. 6), comprenant cinq coups chargés avec la poudre de l'État. Pendant le tir les ouvriers s'étaient retirés vers la gare de l'affût, à 350 mètres du chantier. Le premier coup de la volée fut immédiatement suivi par un brusque refou-

AUX MINES DE DESSÉGES.

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lement de l'air, assez violent ppur agiter les vêtements des ouvriers et balayer des papiers qui venaient d'être jetés dans la galerie. Les ouvriers effrayés se mirent à fuir du côté du puits ; mais les autres coups de mine ayant été sourds et n'ayant pas produit l'effet du premier, ils revinrent vers l'affût, où ils constatèrent du grisou; le maître-mineur les fit sortir.

L'ingénieur de la mine constata, vers 10 heures et demie du soir, que près de la gare de l'affût, c'est-à-dire

à 350 mètres du chantier, le grisou paraissait être en masse compacte depuis la couronne jusqu'à la sole de la galerie ; il éteignit 2 lampes sans explosion, comme le

fait l'acide carbonique. Une heure plus tard il n'y avait plus, au même point, qu'un peu de grisou en couronne, mais à quelques mètres de là le grisou marquait à la sole. Il a fallu 20 heures pour évacuer complètement le grisou, malgré un aérage excellent dont nous allons parler. Le travers-bancs de Créai a 2',60 de large et 2 mètres

de haut sur toute sa longueur. A 1.180 mètres du puits se trouve le pied d'un grand plan incliné qui va de la 124. A partir du pied de ce plan cote + 67 à la cote incliné jusqu'à 50 mètres environ du chantier, le traversbancs est divisé en deux parties par un galandage en maçonnerie de 01'1,40 d'épaisseur, dont le crépissage est très soigné. On a ainsi un goyau de retour d'air de 0",60 de largeur qui se raccorde au plan. Pour conduire l'air jusqu'au front de taille, on se sert de tuyaux d'aérage de 0'1,30 de diamètre. L'origine de la colonne de tuyaux .est à quelques mètres en arrière de l'extrémité du mur d'aérage, du côté opposé au goyau. Un injecteur Eürting à:air comprimé refoule l'air frais jusqu'au chantier. De temps en temps, lorsque le mur est assez avancé, on change de place la prise d'air. On emploie aussi parfois directement l'air comprimé pour l'aérage, en ouvrant le robinet du télescope de la conduite, principalement au