Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 293]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

AUX MINES DE BESSÈGES.

moment des tirs, pour évacuer les fumées le plus rapidement possible. L'air arrive donc tout droit de l'extérieur par la colonne du puits, suit le travers-bancs dans sa partie large jusqu'à l'avancement et revient par le goyau et le plan incliné. Il se rend ensuite au ventilateur par un retour spécial, isolé par des portes des autres courants de la

galerie étaient envahis par le grisou, ce qui correspond au moins à 1.000 mètres cubes de ce gaz dégagés à ce moment ; 2 heures plus tard, le grisou paraissait encore en masse compacte à 350 mètres du front de taille ; par

mine, au moins sur la plus grande partie de son parcours. La quantité d'air qui du puits gagne le travers-bancs

dépasse 2'3,500 à la seconde. Mais ce volume est bien loin d'arriver à l'avancement. Les portes qui sont au pied du plan incliné laissent filtrer 3 à 400 litres. A travers le galandage, quelque soigné qu'il soit, les pertes sont considérables; ou a pu constater les chiffres suivants e.

Avant le plan incliné Après

à 1.100m du puits. à 1.300m à 1.500m à 1.700m à 1.900m à 2.100m

.

.

. .

2,691 2,183 2,101 1,814 1,099 0,686 0,486

et à l'avancement même, à 2.575 mètres environ, le débit du tuyau d'aérage a été trouvé de 0'3,337. D'après ce qui précède, on peut se faire une idée de la quantité de grisou mise en liberté dans ce deuxième déga-

gement de la même couche. Il est évident qu'on restera en dessous de la vérité en admettant que l'aérage par les tuyaux amenait 200 litres d'air par seconde au chantier;

d'autre part, d'après la marche des compresseurs, on peut estimer à 200 litres le débit fourni par le télescope de la perforation, à la pression ordinaire. On peut donc compter un total de 400 litres à la seconde, et avec cette quantité il a fallu 20 heures pour évacuer le grisou ; il a donc passé 28.800 mètres cubes d'air pendant ce temps. Or au premier moment environ 1.500 mètres cubes de

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suite, nous croyons pouvoir admettre une teneur moyenne de 20 p. 100 en grisou pour le volume qui a passé dans les 20 heures, ce qui donne 5.700 mètres cubes de grisou.

Lorsqu'on a pu retourner au chantier, on a constaté

qu'une grande quantité de charbon broyé avait été projetée et formait un talus incliné jusqu'à 12 mètres du front de

taille primitif. Au delà de celui-ci, il s'était fait un vide ayant plus de 20 mètres de largeur (,fig. 7); le front de taille se trouvait de 7 à 8 mètres en avant sur l'ancien. La quantité de charbon projetée a donné au chargement 103 wagons ; cela représente environ 64 mètres cubes de charbon en place.-. On voit que, même en admettant que toute la quantité de grisou calculée plus haut provienne uniquement du charbon projeté, nous n'arrivons pas ici à 100 mètres cubes de gaz par mètre cube de charbon. Dégagement le 5.

Travers -bancs de Créai.

Deuxième couche au-dessus de l'étage stérile.

A la suite du précédent dégagement, les exploitants résolurent de toujours faire précéder le travail dans le charbon de trois trous de sonde de 3 mètres de profondeur, de maintenir l'avancement dans la couche de 3 mètres en avant de celui du mur et du toit, de faire le havage au pic dans le charbon malgré sa dureté et de ne tirer au rocher qu'un seul coup de mine en employant de la poudre de sûreté à 10 p. 100, des mèches blanches et des allumeurs de sûreté. De plus, il fut recommandé aux ouvriers de se retirer à une dizaine de mètres s'ils entendaient le moindre bruit. Ces précautions n'empêchèrent pas le nouveau dégagement du 3 mars, qui entraîna malheureusement la mort de deux ouvriers et des blessures à deux autres.