Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 287]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

d'heure, mais sans que le grisou marquât au chantier.

Quand le bruit eut cessé, les ouvriers se remirent à charger, lorsque tout à coup, ils entendirent le charbon craquer ; ils le virent se renverse)r au front de taille et

sur un parement, en même temps le grisou mélangé d'acide sulfhydrique, s'échappant avec bruit, envahit tout le chantier. On trouva environ 8 tonnes de charbon ou de schiste renversées, la couche étant composée en ce point de 0m,70 de charbon et 01,50 de schiste noir tendre. Lejeudi 25, il s'est produit un nouveau dégagement analogue au précédent et à 2 mètres seulement en avant du précédent où la couche s'est renflée à 1 -,50 presque entièrement en charbon ; il y a eu une dizaine de tonnes de charbon renversées. L'odeur d'o3ufs pourris fut perçue

sur le parcours du courant d'air. Bacnure du huitième étage au toit Dégagement 14. de Saint-Auguste Ter. L'avancement de la galerie de niveau au huitième étage

dans la couche Saint-Auguste Ter ayant été arrêté par un dérangement mal défini, on avait entrepris une galerie

à travers-bancs au toit. On avait fait 16 à 17 mètres de

travers-bancs lorsque, le 24 mai au soir, un coup de mine découvrit du charbon sur 01'1,20 à 0'n,30 de surface;

les ouvriers tirèrent encore deux coups de mine dans le grès qui produisirent bon effet, abattant en même temps très peu de charbon ; les ouvriers constatèrent, en s'en allant vers 5 heures et demie, que le charbon travaillait légèrement. Lorsque le poste de nuit arriva, il trouva le

grisou à 80 mètres du chantier et on ne put arriver à celui-ci que le lendemain matin à 6 heures où, cependant, il y avait encore une traînée de grisou sur 0",40 à O'n,80

dans toute la bacnure malgré un aérage assez actif par une colonne de tuyaux. On constata au chantier que la galerie était remblayée complètement sur 2",50 à 3 me-

AUX MINES DE BESSEGES.

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tres et que le talus s'étendait jusqu'à 5 mètres du front de taille ; ce talus était recouvert d'une légère couche de poussière très fine, ayant l'aspect de la suie. Le charbon, très sale, à 31 p. 100 de cendres, et 20 p.100 de matières volatiles, formait environ 12 tonnes ; en outre, il y avait 8 tonnes de remblais. La couche était très dérangée. Dégagements 15, 16 et 17. Couche Saint-Denis. Traversée dans la bacnure du neuvième étage. La bacnure avait traversé environ 50 mètres d'un grès massif très 'dur; le 2 octobre 1889, les ouvriers avaient entendu chanter le grisou, mais sans pouvoir le recon-

naître. Ils tirèrent trois coups de mine, et entendirent, après les trois détonations, un bruit sourd accompagné de crépitements semblables à des coups de masse violents sur un rocher ; ce bruit dura environ 3 minutes. On ne put s'avancer sur le moment qu'à 45 mètres du front de taille ; mais environ 6 heures après, on put le rejoindre en tenant la lampe au bas de la galerie. Il n'y avait que

du rocher projeté par les coups de mine, et le grisou s'était échappé par un trou dans le rocher sans entraîner de charbon. Le chantier était aéré par une colonne de tuyaux soufflant très fort. Le lendemain à 6 heures et demie, le grisou ne marquant plus, on entama le charbon, qui était extrêmement friable. A 9 heures, le grisou ne marquait pas ; une demiheure après, les ouvriers s'aperçoivent que le charbon se détache seul; ils se sauvent, et derrière eux le grisou envahit 320 mètres de galerie, soit un volume de 900 mètres cubes ; 2 1/2 tonnes de charbon environ furent renversées par l'orifice du trou ouvert dans le rocher. Les faits qui s'étaient produits ayant montré qu'il n'était pas prudent d'entailler le charbon avant d'avoir complètement découvert la couche, on se décida à abattre d'abord le toit de grès, au moyen de coups de mine isolés, chargés à la dynamite à l'ammoniaque. On avait essayé de recon-