Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 7]

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NOTE SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE

EN ALGE7RIE.

Aly, à la tête de ses chaouchs, parcourait sans cesse les décombres, faisant sabrer sur place tous les coupables pris en flagrant délit. Le 4 et le 5 février, les secousses continuèrent un peu moins violentes, mais répétées toutes les demi-heures ; la population épouvantée s'enfuit dans la Campagne. Un grand nombre de maisons s'écroulèrent également dans les environs d'Alger. Le dey s'enferma dans le Bordj de l'Etoile, où il fut assiégé pendant quelques jours par une troupe de mécontents, commandés par un vieux Janissaire qui leur racontait qu'ayant été témoin d'un semblable fléau qua-. ,rante ans auparavant, le mal n'avait cessé qu'après le massacre du souverain ; une sortie vigoureuse dégagea le dey qui punit les rebelles avec sévérité. Le 26 février, on ressentit une nouvelle commotion presque aussi forte que la première qui accrut encore le désastre ; à partir de ce moment, les secousses se succédèrent sans interruption jusqu'au mois de juin et recommencèrent l'année suivante pendant neuf mois.

Il raconte seulement qu'en 1724, s'étant embarqué sur le navire la Gazelle, frégate algérienne de 50 canons, pour se rendre à Bône, on éprouva à bord de ce navire

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A la suite de ce tremblement de terre, les maisons d'Alger furent reconstruites par ordre du dey en vue de résister aux secousses futures, telles que nous les voyons

aujourd'hui, s'appuyant autant que possible les unes contre les autres ; et les planchers des étages supérieurs reposant sur des poutrelles de cèdre dépassant de plusieurs pieds les murailles de façon à ne pas s'effondrer, même quand celles-ci viendraient à s'écarter notablement les unes des autres. Ce tremblement de terre se fit également ressentir en Sicile le 28 mai à Palerme, en mai et juin à Syracuse et Catane, et le 1" décembre à Catane et Messine (d'après Mercalli).

Le docteur Shaw mentionne dans son Voyage dans plusieurs provinces ,de la Barbarie et du Levant deux tremblements de terre qui occasionnèrent de grands dégâts à Alger; mais il ne donne à ce sujet aucun détail.

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trois fortes secousses successives. Cet événement arriva

à cinq lieues au nord-ouest du cap des Sept-Têtes, au large de Collo, en un point où l'on avait plus de 200 brasses de profondeur. Le terrible tremblement de terre de Lisbonne, survenu en 1755, ne paraît pas s'être répercuté d'une façon dé-

sastreuse en Algérie, du moins le souvenir ne s'en est pas conservé ; mais, dans le Maroc, d'après le témoignage du gouverneur de Gibraltar, la plupart des villes, Tétouan, Tanger, Fez, Méquinez et la capitale elle-même furent renversées par la secousse. Le tremblement de terre le plus désastreux qu'ait jamais subi l'Algérie est certainement celui de 1790 qui bouleversa Oran, amena la révolte des Arabes contre les Espagnols, maîtres de cette ville, et entraîna finalement leur expulsion d'Afrique.

Dans les derniers jours du mois d'août 1790, des secousses, intermittentes se firent sentir et des bruits sourds vinrent gronder sous la ville d'Oran, plongeant la population dans une vive anxiété (*). Cependant, de la miseptembre au commencement d'octobre, elles ne se firent

plus guère sentir et la tranquillité renaissait dans les

esprits ; quand, dans la nuit du 8 au 9 octobre, à 1 heure du matin, on perçut de légers mouvements oscillatoires, accompagnés d'un grondement sourd, pareil au roulement d'un tonnerre lointain. L'atmosphère avait été le jour précédent d'une opacité étrange et le vent du désert soufflait depuis trois jours., sans que le coucher du soleil eût ramené la brise qui s'élève ordinairement sur la mer. Ces premières secousses amenèrent quelques éboule(*) Histoire d'Oran, par H.-L. Fey.