Annales des Mines (1891, série 8, volume 20) [Image 260]

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REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

On peut encore, sinon rendre les réservoirs inutiles, du moins réduire leur action, en conjuguant plusieurs pompes à mouvement croisés, de manière à obtenir un débit voisin de l'uniformité. La pompe Worthington, que nous avons citée en parlant des moteurs, comprend ainsi deux groupes à double effet. Dans les machines de Providence ( Etats-Unis ) installées par Corliss ( Boulvin, ouvrage cité, p. 65), l'uniformité est obtenue par l'emploi

de 5 pompes à double effet, disposées en étoile autour d'un axe vertical. Pour étudier le mouvement intermittent de l'eau dans une pompe, il ne suffit pas de connaître le nombre de coups de piston donnés par minute ; il faut savoir quelle est la loi du déplacement du piston dans chacune de ses excursions ; cette loi dépend de la relation de la puissance

motrice et de la résistance, et varie suivant la nature et la disposition du moteur. Trois cas principaux sont à considérer : I° la pompe est commandée par un moteur à volant puissant, animé d'un mouvement de rotation sensiblement uniforme ; 2° elle reçoit l'action directe de cylindres à vapeur sans addition de volant ; 3' elle est commandée par une roue hydraulique ou une turbine. Dans la première disposition, qui est très fréquente, la loi du mouvement du piston est simple et connue d'avance, pourvu que le volant soit assez puissant. Le maximum, en valeur absolue, de l'accélération du mouvement d'un piston commandé par une manivelle, animée d'une

rotation uniforme, a lieu lors des passages aux points morts ; c'est donc dans ces positions que la séparation du piston et de la colonne liquide risque de se produire,

DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

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par les pistons à vapeur) est celle de l'ancienne machine de Cornouailles, et de toutes ses dérivées ; elle se retrouve dans un grand nombre d'appareils récents, parmi lesquels nous avons spécialement cité, au chapitre V, la pompe Worthington. La loi du mouvement du piston n'est plus connue a priori; on doit calculer ce mouvement d'après les efforts moteurs et résistants et les masses solides et liquides mises en jeu. L'effort moteur est en général supérieur à l'effort résistant au début de la course et s'abaisse en-dessous en fin de course. C'est encore surtout au début de la course que le piston peut se séparer de la colonne aspirée ; la colonne refoulée pourrait le devancer en fin de course si le piston moteur devient aussi résistant, par exemple par la compression de la vapeur. La troisième disposition, commande par roue hydraulique ou turbine, présente une particularité intéressante, signalée par M. Boulvin (ouv. cité, p. 45), lorsqu'il n'y a qu'une seule manivelle commandant les pompes : l'accélération croît rapidement en fin de course du piston des

pompes, parce que le couple moteur reste constant, tandis que la résistance devient nulle. C'est un inconvénient bien plus grave que dans la première disposition, où l'effort moteur de la vapeur s'annule en même temps

que l'effort résistant, les pistons moteurs et résistant étant reliés à la même manivelle.

Pour obtenir avec le moteur hydraulique la rotation uniforme, il faudrait un volant très puissant qui n'existe pas d'habitude. Aussi ne peut-on donner dans ce cas qu'une marche lente aux pompes ; par exemple, les grandes

au début de la course pour l'aspiration, à la fin pour le refoulement. Pour chaque pompe on cherchera ainsi la valeur maxima de l'accélération, et l'on en déduira la plus grande vitesse de rotation admissible.

turbines Girard commandant directement par manivelle unique les pompes de l'usine de Saint-Maur (Belgrand, ouv. cité, t. IV; atlas, Pl. 9 à 12), ne font que 7 et 7,5 tours par minute. L'emploi de deux pompes commandées par manivelles à angle droit remédie à cet incon-

La seconde disposition (commande directe des pompes

vénient; cette disposition est adoptée à la Chaux-de-