Annales des Mines (1891, série 8, volume 20) [Image 259]

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REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

ne peut se transformer en traction. Si ces efforts de traction se produisent sur deux parties d'une colonne liquide, celle-ci se rompt immédiatement en deux portions, qui laissent entre elles un espace presque vide, sauf un peu d'air et de vapeur. Cette rupture de la colonne, dans une pompe, a de grands inconvénients : les deux parties disjointes se réunissent à un autre moment de la marche de l'appareil et cette réunion est accompagnée d'un choc, d'un coup de bélier, souvent violent et destructeur. Pour qu'une pompe fonctionne bien, il faut que jamais les colonnes liquides ne se brisent, que jamais elles ne quittent les pistons. C'est un système où aucune

traction ne doit se produire, c'est comme une machine dont les pièces seraient simplement appuyées l'une contre

l'autre sans aucun boulon d'assemblage. Pendant l'aspiration, le piston part du repos et prend un mouvement accéléré ; la colonne liquide doit le suivre

sous l'action de la pression atmosphérique qui s'exerce au dehors sur le bief d'aval. Si le vide existait entre le piston et le liquide, la pression atmosphérique donnerait à ce liquide un certain mouvement qui est le plus rapide qu'il puisse prendre. Si donc l'accélération du mouvement du piston dépasse celle de ce mouvement limite, il y aura séparation du piston et de la colonne. Vers la fin de l'aspiration, le piston ralentit, cette séparation ne peut plus se produire. Au refoulement, au contraire, c'est quand la vitesse du piston diminue que la colonne refoulée peut le devancer, surtout si elle présente des parties horizontales. On peut déterminer dans

chaque cas, surtout si les conduits sont de formes simples, les accélérations positives et négatives que le piston ne doit pas dépasser; c'est une étude du mouvement

non permanent en conduits, assez rarement faite dans l'hydraulique usuelle. Les colonnes liquides peuvent être

telles aussi que la séparation puisse se produire en

DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

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d'autres points qu'au contact du piston, par exemple si une partie horizontale succède à une portion verticale. Plus les colonnes liquides seront longues, plus leur masse sera grande et plus l'accélération positive ou négative que peut leur communiquer une force donnée sera faible; plus on devra ralentir le mouvement des pompes pour éviter les chocs. On arriverait vite à des impossibilités pratiques si l'on ne pouvait, par des artifices, réduire beaucoup les longueurs des colonnes participant au mouvement périodique du piston. La disposition la plus

fréquente est celle des réservoirs d'air, au delà desquels le mouvement du liquide est presque uniforme. Le réservoir est utile sur l'aspiration comme sur le refoulement, dès que les tuyaux d'aspiration présentent un développement horizontal un peu considérable. Pour entretenir l'air dans les réservoirs de refoulement, on fait parfois usage d'une petite pompe à air spéciale ; mais il est bien plus simple de laisser de temps en temps entrer un peu d'air dans le corps de pompe principal, en ouvrant un robinet reniflard sur l'aspiration. Au lieu de réservoir de refoulement, on trouve aussi, surtout en Angleterre, la colonne piézométrique ou tube vertical de hauteur suffisante, terminé à sa partie supérieure par un élargissement librement ouvert. La masse d'eau à mouvement intermittent y est plus grande. Avec les pressions très élevées, les réservoirs de refoulement ne conviennent plus : l'air n'y reste pas. L'accumulateur en tient lieu; aussi ajoute-t-on souvent dans ce cas aux pompes un véritable petit accumulateur chargé

par poids ou ressort, dans le cas où l'installation n'en comporte pas pour d'autres motifs. Les pompes qui actionnent la machine à colonne d'eau du puits Lhuillier, Citée plus haut, et refoulent l'eau à 42 atmosphères, ont ainsi un compensateur chargé à l'aide d'un piston pressé par la vapeur.