Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 286]

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.

leurs palanches ou leurs hottes, les bêtes de somme avec leurs bâts, constituent les seuls moyens de locomotion pour le commerce, quand une rivière navigable ne vient pas prêter son concours.

cés d'une escouade de haleurs d'occasion qui se tiennent

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Ces porteurs à la palanche, avec leur lourde charge d'environ 120 livres ne peuvent aller bien rapidement, aussi la moyenne de leur journée de marche n'est que de ly. Il faut compter généralement que le prix de la livre de sel augmente d'autant de fois 2 sapèques que la distance du transport contient de fois 40 ly. . Aussi le commerce des colporteurs s'arrête le plus souvent à environ 300 ly, , sept journées, des pays de sauneries. Au delà, sans compter les prohibitions du monopole, ils ne pourraient plus lutter avec les commerçants dont le sel vient par les barques, même de salines plus lointaines. Le transport par mulets, chevaux ou boeufs n'a guère lieu pour le sel qu'entre les salines et les pays houillers, car alors les bêtes de somme portent à l'aller et au retour. En dehors de ces conditions, il est plus dispendieux qu'avec les colporteurs. Les bêtes de somme servent surtout aux régions salifères mêmes à porter le sel aux ports d'embarquement pour en rapporter le charbon. Tout le sel des sauniers monopoleurs destiné aux régions éloignées quitte les régions de salines sur des barques. La descente des fleuves, qui se fait à la rame, est souvent dangereuse, car ces cours d'eau sont plutôt des torrents où les rapides abondent ; mais pour les remonter la rame serait trop lente et souvent impuissante. Les rameurs se transforment alors en haleurs, tantôt suivant la rive sur le sable ou les cailloux, tantôt escaladant les rochers ou les talus, tirant la barque au moyen d'une longue corde de bambou qui n'a souvent que 3 ou 4 fen de diamètre. Le nombre de ces haleurs, suivant la grandeur des bateaux, varie de trois ou quatre jusqu'a une trentaine ; mais, aux rapides, ils doivent être renfor-

en ces parages, attendant l'arrivée d'une barque et le profit de quelques sapèques. Ces passages ne sont pas sans danger, et si la corde de halage vient à se rompre, le bateau risque fort d'être perdu corps et biens. Cependant

les pilotes chinois ont souvent assez d'habileté et de vigueur pour se tirer du danger en faisant prendre à la barque le milieu du courant où l'on n'a plus à redouter la rencontre des rochers. Le transport à la hotte n'est employé que pour les pays de montagnes abruptes où les autres moyens sont impra-

ticables. Cette hotte a ses deux montants antérieurs recourbés en avant pour couvrir les porteurs. Ceux-ci doivent se reposer souvent, et, à cet effet, les montagnards de la Chine ont inventé un siège mobile, qui dans

la marche sert de bâton d'appui, et dans le repos décharge en partie les épaules du portefaix. C'est un fort bâton armé d'une pointe à sa partie inférieure et portant à sa partie supérieure une pièce de bois en forme de crois-

sant ou de fer-à-cheval. Pour le repos l'homme pose la pointe à terre, la hotte sur le milieu du croissant et ses deux mains sur les cornes de celui-ci. En avançant et écartant les jambes, il peut former un trépied assez stable pour se donner le loisir de souffler un peu. Il ne va généralement dans les montagnes que du sel

en pierre. La charge est de 150 à 200 livres chinoises, aussi la marche des porteurs est-elle très lente : ils ne font guère sur ces sentiers escarpés que 30 ly par jour. L'augmentation du prix de la livre du sel étant encore à peu. près de 2 sapèques par journée de transport, on conçoit à quel taux élevé le sel doit arriver dans les coins

perdus de toute la zone thibétaine. Je l'ai vu à 120 sapèques la livre, laquelle n'était plus que de 12 onces. Par suite de cette cherté, chez toutes les populations lue les Chinois appellent barbares (man-tse), le sel est un