Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 372]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

694 L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS

son axe et à un mouvement de translation dans le sens de ce même axe, de manière à obtenir un chauffage bien uniforme. A Saint-Chamond, la hauteur de ce four est de 21 mè-

tres, et à ses pieds se trouve un puits d'égale profondeur. Un ensemble de trois grandes bâches reliées entre elles permet de disposer pour une même opération d'environ 200 mètres cubes d'huile. Un pont roulant de 50

tonnes possédant un double mouvement à vapeur et hydraulique sert à toutes les manoeuvres de trempe et permet d'atteindre des vitesses d'immersion de plus de 30 mètres à la minute qui contribuent beaucoup à la réussite de l'opération. La trempe à l'huile est suivie d'un dernier recuit qui termine la série des opérations en forge. Vient ensuite l'usinage qui consiste dans la pose des frettes, l'alésage, le rayage, le filetage de la culasse, etc. Ces opérations sont faites soit dans les arsenaux de l'État, soit dans les établissements dont on a vu les produits à l'exposition. Les détails de fabrication que nous avons donnés cidessus s'appliquent surtout au tube qui constitue l'élément essentiel de la pièce, mais qui est loin de suffire à lui seul pour la constituer. Pour épuiser cette matière,

nous aurions à parler également de la fabrication des frettes que l'on prépare sous le marteau par des procédés analogues à ceux employés dans la fabrication des

bandages sans soudure. Ici, comme pour le tube, les trempes et les recuits sont constamment utilisés. On a vu qu'après le premier recuit, on détachait des deux extrémités du lingot étiré, une rondelle dans laquelle

on découpe un certain nombre de barreaux d'essais. Un

de ces barreaux est soumis aux essais de traction et donne sur la qualité du métal une première série de ren-

seignements. Les autres barreaux ne sont soumis à la même épreuve qu'après avoir subi des trempes à l'huile

695

AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.

à des températures différentes qui permettent de juger de la température à laquelle la pièce elle-m.ême devra être trempée. La Société des aciéries de la marine et des chemins de fer avait eu soin de joindre aux différents objets d'artillerie exposés par elle l'indication des chiffres obtenus après la trempe. Nous les reproduisons ici, car ils indiquent, de la manière la plus précise les qualités demandées au métal à canon. Tube pour canon de 34 centimètres de 11 mètres de long et du poids de 14.000 kilogrammes. Résistance

Limite

Allongement

d'élasticité

p. 100

15 16

Culasse

664

364

Volée

64

33

Frette à tourillons pour canon de 52 centimètres. Réwistance

d'élasticité

Allongement p. 100

69e,1

374,7

16,5

Limite

Frette à tourillons pour canon de 37 centimètres, pesant, brute de forge, 5.075 kilogrammes. Limite

Éprouvettes recuites. . trempées .

Résistance

d'élasticité

.

624

334,1

.

90

55

Allongement p. 100

23 12

La Société de Saint-Chamond résume ces expériences

en disant que le métal à canons est caractérisé avant trempe par une résistance de 40 à 60 kilogrammes et 18 p. 100 d'allongement au minimum, et, après trempe,

par une résistance de 54 à 80 kilogrammes et 12 à 14 p. 100 d'allongement au minimum. C'est donc bien un

véritable acier et sa coulée en masses aussi considérables, suivie d'une élaboration exigeant des chauffages et des trempes aussi répétées, constitue bien, comme nous le disions en commençant, une des plus lourdes tâches